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«Si je ne prie pas, au moins, je ne serai pas déçue»

© Alliance Presse
Tous les gagnants ont tenté leur chance - ce slogan de la Française des Jeux n’a a priori pas grand-chose à voir avec la vie spirituelle. Et pourtant. «Tous ceux qui sont exaucés ont tenté...». La crainte de la déception pousse à bouder la loterie mais ne devrait pas empêcher la prière.

Tous les gagnants ont tenté leur chance – ce slogan de la Française des Jeux n’a a priori pas grand-chose à voir avec la vie spirituelle. Et pourtant. «Tous ceux qui sont exaucés ont tenté…». La crainte de la déception pousse à bouder la loterie mais ne devrait pas empêcher la prière.

Le risque de la confiance
Suis-je de celles qui ne prient que lorsque rien ne va plus? Le Dieu que je me représente est-il un Dieu prestataire, un peu comme ces automates de gare? Je glisse la pièce et si je me retrouve avec des chips à la place du chocolat, c’est la grimace assurée. Ma prière ressemble-t-elle à cela?
«Si je ne prie pas, au moins je ne serai pas déçue». Que dit cette expression? Je me protège, je me blinde, ainsi je ne dois rien à personne. Autrement dit : je préfère ne prendre aucun risque en accordant ma confiance. Certaines personnes traversent toute leur existence ainsi et pas seulement vis-à-vis de Dieu ; elles appliquent cette attitude également aux personnes qu’elles rencontrent.

À l’origine, une grosse déception
Sans doute cette attitude de vie relève-t-elle d’une importante déception, une perte de confiance totale à un moment donné de leur existence. Dieu ou un proche ont-ils manqué à l’appel? Et aujourd’hui, on refuse le risque de revivre la même douleur, celle de ne pas recevoir ce dont on a besoin.
Cette attitude est compréhensible. Toutefois on peut se demander si celle qui mène ainsi son existence ne se prive pas aussi, non seulement de tout risque mais aussi de toute bonne surprise que Dieu pourrait offrir? Ne pas prendre de risque, c’est aussi risquer de ne pas trouver ou ne pas donner sens à l’existence. En effet, Dieu souhaite avoir avec nous une relation authentique, donc risquée.

Se laisser conduire quand même
Alors, oui, accorder sa confiance, c’est prendre le risque d’être vulnérable. Derrière l’affirmation «si je ne prie pas, au moins je ne serai pas déçue» se trouve sans doute un profond désir qu’au fond, quelqu’un réponde malgré tout. Sans doute y a-t-il une grande frustration, peut-être inavouée, de ne pas vivre ce à quoi on aspire profondément, désespérément. Et si l’on osait se laisser conduire là où on ne pensait pas être conduit? On peut commencer par dire à Dieu : «Oui, j’ai peur d’être déçue…»

Sophie Gertsch et Madeleine Baehler


Risquer

Le risque à méditer selon les mots d’Albert Coccoz, guide de haute montagne, décédé dans sa pratique Rire, c’est risquer de paraître fou. Pleurer, c’est risquer de paraître sentimental. Rechercher les autres, C’est s’exposer aux complications. Dévoiler ses sentiments, c’est risquer de montrer sa vraie nature. Traîner ses idées, ses rêves devant la foule, C’est risquer de les perdre. Aimer, c’est risquer de ne pas Être aimé en retour. Espérer, c’est risquer le désespoir. Essayer, c’est risquer l’échec. Mais il faut prendre des risques Car ne rien risquer, c’est plus hasardeux. Celui qui ne risque rien, ne fait rien, n’est rien. Il peut éviter la souffrance et la tristesse Mais il ne peut apprendre Le vrai sens de ses sentiments, Du refoulement, de la sublimation, De l’amour de la vie. Enchaîné par ses servitudes, il est esclave Il a abandonné la liberté. Seul celui qui risque et se risque est libre.

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