Un petit pas pour ma fille, un pas de géant pour moi
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Tranche de pain et barre de chocolat: ma fille de quatre ans et demi se régale de son goûter. Elle me raconte l’école, ses copines alors que je lui prépare un petit verre d’eau.
Et puis soudain, entre deux bouchées, elle me lâche: «Mais Maman, Jésus il existe pour de vrai ou pas?». Je lui réponds que oui, que son papa et moi, comme des tas d’autres gens, pensent que Jésus existe vraiment, mais qu’il y en a aussi qui pensent qu’il n’existe pas, que c’est difficile parce qu’on ne le voit pas avec les yeux.
Visiblement, ma réponse lui va. Ça a l’air clair. Je souffle un peu. Et puis rebelote, après sa gorgée d’eau: «Mais Maman, comment je peux savoir qu’il existe, moi, parce que j’en sais rien!». C’est vrai bon sang, elle n’en sait rien. On a beau aller à l’Eglise, prier le soir avec elle dans son lit, c’est pas parce que moi, sa maman j’y crois, que c’est évident pour elle. La foi, jusqu’à preuve du contraire, n’est pas héréditaire.
Alors je lui réponds du mieux que je peux, avec l’aide du Principal Intéressé: «Tu n’as qu’à lui demander s’il existe ou pas et attendre sa réponse. Peut-être qu’il te le montrera très vite et peut-être que tu devras attendre un peu.»
Ni une ni deux, ses moustaches en chocolat et son regard vert dans le mien, elle me dit qu’elle va lui demander maintenant. En plein goûter, je me suis assise à côté d’elle, j’ai joint les mains sur la table pleine de miettes de pain, fermé les yeux comme elle et je l’ai laissée lui dire: «Tu sais, Jésus, j’aimerais bien que tu me dises si tu existes ou pas, parce que moi, je ne le sais pas. Amen!». Il paraît qu’une seule petite prière nous sépare de Dieu. Ce jour-là, ma fille a fait un pas vers lui, toute seule comme une grande.
Sophie Gertsch
