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Mon rendez-vous, avec un condamné à mort

© Alliance Presse
Une réflexion pour donner une autre saveur à la Cène (eucharistie) que celle de la routine

« Quand l’heure fut venue, Jésus se mit à table avec les apôtres » (Luc 22, 14-22). Assise sur le banc de mon église protestante, l´autre dimanche, j´attendais patiemment. C´était le moment de la Cène. Le pain et le vin circulaient d´un fidèle à l´autre, comme chaque dimanche. Mon tour allait venir, c´était évident, comme d´habitude. Mais soudain, j´ai réalisé, avec un petit sursaut intérieur, que ce repas qu´on dit privilégié, si hors du commun, était devenu un épisode routinier de ma vie chrétienne. Et je n´aimais pas ça. Une idée en amenant une autre comme parfois si vite, du coq à l´âne dans nos esprits tout féminins, j´ai eu « un flash ». J´ai revu cet article de presse paru récemment, une double page couleur dans un grand quotidien : on y voyait six plateaux chargés de nourriture. Six assiettes soigneusement préparées pour les six condamnés à mort américains qui allaient subir l´injection létale le jour d´après. Ici un hamburger frites, là un steak saignant, et là encore une tranche de gâteau au chocolat. Et moi, sur mon banc, qui attends mon pain et mon vin.
–CREDIT–
Et moi, à sa place ?
J´ai pensé à ces hommes. Noués sans doute par la peur, écoeurés à l´idée de manger une dernière fois. Quelle est la valeur de ce repas pour eux ? Et puis j´ai pensé à Jésus. À son repas de condamné à mort. Le pain et le vin : son corps livré et son sang versé pour nous, comme le rapportent les Évangiles.
J´ai tenté de me mettre à sa place. Si j´avais été Jésus et que je me savais
condamnée, sans doute n´aurais-je rien pu manger; sans doute aurais-je préféré rester seule. Mais voilà, Jésus a convié ses proches, les disciples et il a choisi de vivre son dernier repas comme une fête, c´était la Pâque juive, après tout.
Comble, Jésus a accueilli à sa table celui qui est devenu son ennemi. Ce n´est pas Judas qui l´a couronné d´épines, ce n´est pas lui non plus qui l´a flagellé, ni crucifié. Mais il lui a poignardé le coeur. Il l´a vendu pour quelques pièces et son baiser sentait la mort.

Une meilleure disciple en devenir
Aujourd´hui, attendant le pain et le vin, je suis là assise à cette table avec Jésus et les autres disciples. Comme tous ces hommes, j´ai mes côtés lumineux, ma bonne volonté, l´envie d´être proche de Dieu. Et puis, de l´autre, j´ai aussi mes côtés sombres, mes absences, mes petites trahisons,
toutes ces fois où je « manque la cible ».
Et ce repas, ce dimanche-là dans mon Église, a repris tout son sens, une nouvelle saveur. Peu importe nos contradictions, c´est Jésus qui nous a appelés par notre nom et nous sommes invités à siéger à sa table. La communion, comme on l´appelle, c´est un moment privilégié, un rendez-vous personnel avec le Christ. Et, ainsi, chaque dimanche, je peux me dire que je recommence quelque chose avec lui. C´est le moment où, saisissant le pain d´abord de la main de mon voisin, de la main de Jésus, je réalise que mes péchés sont pardonnés et au moment où je bois le vin, je suis juste aimée de Jésus, une meilleure disciple en devenir.

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SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles – Septembre à Novembre 2008

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