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La dépression féminine: oser en parler

© Alliance Presse
Chez les hommes, on appelle cela un «burn-out», lorsqu’il s’agit d’une femme, c’est une dépression. Reconnue aujourd’hui comme une maladie à part entière, la dépression reste suivant qui un tabou
Magaly Mavilia

Selon les statistiques, un homme sur dix et une femme sur cinq passent par la dépression. Pourtant, les suicides sont deux fois plus nombreux chez les hommes. Selon le corps médical, les femmes ont moins honte de leur état, tandis que les hommes se jugent à l’aune de leur performance dans l’action. C’est aussi ce qui les mène, plus souvent que les femmes, au burn-out, dépression par surcroît de travail.

La peur du regard des autres
Séverine avoue ne plus oser en parler à son entourage. Elle se sent rejetée et incomprise. «“Tu en fais toute une histoire”, m’a dit ma meilleure amie lorsque je me suis confiée à elle. Mon mari pense que je me regarde trop le nombril et ma mère me conseille de m’occuper davantage de ma famille au lieu de m’apitoyer sur mon sort.»
Alexandra affiche un grand sourire ou, lorsqu’elle est vraiment trop mal, prétexte un début de grippe. «Je n’en parle à personne, ni à mon mari, ni à mes amies et surtout pas à mes enfants. Pour eux, je vais bien, je souris, plaisante, travaille. J’ai l’impression que si mon mari le savait, je baisserais dans son estime. Quant à mes amies, j’ai tout simplement le sentiment de les ennuyer.»

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La culpabilité
La dépression n’est pas une faiblesse ou un prétexte pour ne pas travailler. Elle est subie, comme les autres maladies. Il n’y a donc pas à s’en culpabiliser. Souvent, les personnes dépressives ne comprennent pas bien ce qui leur arrive et se reprochent leurs difficultés. Elles pensent, à tort, qu’elles sont responsables de leur état.

Se parler avec compassion
De ce fait, les personnes déprimées se parlent durement à elles-mêmes. Alexandra: «Je me réveillais le matin en me disant: “Secoue-toi, flemmarde”. Et c’était comme des coups que je me donnais. Grâce à la lecture, j’ai appris à me parler avec compassion.»
Si l’un de vos proches était déprimé, comment lui parleriez-vous? Posez-vous la question, écoutez attentivement ce que vous lui diriez. Pourquoi ne pas en faire de même pour vous ? Que notre regard sur nous-mêmes ressemble à celui du Christ.

Les petits bonheurs
Alexandra vit dans un état dépressif depuis de nombreuses années, avec des hauts et des bas, comme c’est souvent le cas dans ce genre de maladie. «Si je compare ma vie actuelle à ce qu’elle était il y a une dizaine d’années, je peux dire que je suis presque guérie. Et je dois cette guérison à trois choses; j’ai accepté mon état, je me suis accrochée aux petits bonheurs de tous les jours et j’ai remis cette maladie entre les mains de Dieu.»
Alexandra dit avoir réalisé et accepté que son état était plus fort qu’elle, mais qu’il n’était pas elle. Il était au contraire la résultante d’une expérience traumatisante qu’elle a vécue. Aussi, elle a cessé de se culpabiliser, ce qu’elle formule de cette manière: «La bosse que j’ai sur la tête se résorbera, mais avec le temps. Rien ne sert de lui taper dessus pour l’aplatir! Alors, j’ai commencé à faire preuve de gentillesse à l’égard de mon handicap, cherchant à l’apaiser avec les moyens du bord». Alexandra évoque notamment le fait de noter, les soirs, les petits bouts de sourire et de bonheur glanés en journée: «Ainsi, je me rends compte qu’il y a aussi eu des jolis moments au milieu de la tempête.»

S’en remettre à Dieu
Le Christ a promis son repos aux personnes «fatiguées et chargées». Alexandra dit goûter à l’exaucement de cette promesse depuis qu’elle a lâché prise et cessé de se débattre seule. Ainsi, chaque matin et chaque soir, «je lui confie ma peine en lui demandant de me donner la force de renaître dans sa lumière. Et je sais que c’est ce qu’Il fait. Tous les jours un petit peu. Un petit peu plus.»

Magaly Mavilia


Alléger les symptômes

Il est possible «d’alléger» les symptômes en soutenant le corps affaibli. La dépression est toujours accompagnée de fatigue physique et cérébrale et cette fatigue accentue la dépression. Se donner un coup de punch, par un traitement approprié et qui ne passera pas forcément par des psychotropes, est une aide essentielle. Clara est restée murée dans sa dépression pendant deux mois avant d’aller consulter. «Le médecin m’a prescrit un antidépresseur naturel, à base de millepertuis, et un complément de vitamines et d’oligo-éléments. Je ne sais si c’est le fait d’avoir pu parler de mon état ou le traitement lui-même, mais en deux semaines, j’allais mieux.» Séverine confie: «Mon ostéopathe m’a prescrit une cure de magnésium et de citrons (un demi citron pressé le matin à jeun). En quelques jours, j’avais retrouvé mon punch. Même si je ne suis pas encore guérie, cela m’aide à traverser ces moments difficiles en étant moins abattue.»

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