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Dossier: Servir Dieu, c’est quoi au juste?

© Alliance Presse
Trois femmes servent Dieu à leur manière. Découvrez comment
Anne-Lise Sprunger

Main tendue aux délinquantes
Fanny a passé une année dans une des Eglises australiennes qui fait le plus parler d’elles, Hillsong. Cette Eglise organise toutes sortes d’activités pour les femmes, dans le domaine social principalement, localement et dans les pays défavorisés. «Le truc, c’est que tout le monde peut faire quelque chose. Du simple tricot à la collecte de vêtements pour les sans-abri, on peut toutes trouver sa place et lancer de nouvelles initiatives», s’enthousiasme la Française. Elle retient la maxime de Hillsong: «Le changement repose sur vous!»

De fait, Fanny a participé à un programme de réhabilitation qui l’a amenée dans les collèges, les refuges et les prisons juvéniles. Le changement qu’elle a vu chez les jeunes filles a rejailli sur elle: «J’ai été guérie de mon passé, de mon manque d’assurance et de mes peurs. Ma vie a pris du sens», confie-t-elle. (JR)

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Les enfants d’abord
Maman de quatre enfants à tout juste trente ans, Mélody coud à domicile. Pour cette dynamique Suissesse, servir Dieu au quotidien, c’est «transmettre quelque chose de son cœur, être un témoignage vivant qui interpelle». Même si elle a moins d’occasions de témoigner de sa foi que d’autres, elle accorde beaucoup d’importance à son rôle auprès des siens: «Ma mission à ce jour, c’est de montrer à mes enfants combien Dieu désire faire partie de notre quotidien».
–CREDIT–
Aujourd’hui, Mélody se réjouit de voir pousser ce qu’elle a semé: «Je suis touchée par leur spontanéité lorsque, dans toutes sortes de situations, ils me disent: “Maman, on pourrait prier pour ça”». Elever des enfants, à ses yeux, c’est grandir soi-même: «Nos enfants nous renvoient tellement à nous-mêmes. Ils sont de réels déclencheurs de travail sur soi. Derrière chaque enfant, il y a un projet de restauration de l’adulte.» (SR)

Disponible pour son entourage
Le contrat de Monique arrivait à échéance, il y a trois ans. La quinqua en a profité pour prendre une retraite anticipée afin d’être plus disponible pour les siens. C’était une démarche de foi pour elle et son époux, puisqu’à ce moment-là, son salaire était alors bien utile au budget familial. Peu après sa fin de contrat, surprise: son époux reçoit une promotion qui compense le manque à gagner.

Monique profite alors de son temps pour être avec son mari et ses enfants et effectuer des visites lorsque des chrétiens sont admis à la maison de repos proche de chez elle. Une amie atteinte d’un cancer a découvert la foi au travers de son témoignage. Durant deux ans et demi, sa présence, son écoute et un soutien moral lui ont été fidèlement acquis. (CR)

A l’écoute de ses clientes
«Je ne peux pas dissocier mon quotidien et ma foi. Les matins, je prie avec mes enfants avant l’école et dans mes journées, mes pensées vont vers Dieu», déclare Myriam, styliste ongulaire proche de la quarantaine. Avec son mari, elle tient un institut de beauté des mains et des pieds. Mis à part les soins, Myriam s’occupe de la décoration des lieux et de la gestion des rendez-vous.

Chaque jour, elle rencontre beaucoup de clientes. C’est dans ce cadre et en réponse à leurs soucis et problèmes qu’elle peut aborder le sujet de la foi: «Il faut beaucoup de sagesse et je demande à Dieu de me guider dans ce que nous partageons». Parfois aussi, Myriam prie avec son mari pour des situations précises. Plusieurs femmes ont fait des démarches de foi suite aux échanges et aux prières. (SR)

Servir, une question de mentalité

«Tu veux que je te coule un bain?». Cette boutade jaillit souvent parmi les jeunes à qui l’on demande un service. Le service est volontiers associé à des images contraignantes et négatives: militaire, civil ou religieux; même self-service, qui fait «bon marché», à moins qu’on ne se réjouisse en se disant qu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Dans les nations industrialisées, le terme évoque toute une branche de l’économie, celle des «services», justement. Mais il n’y a rien là de gratuit et de désintéressé. Les services se monnaient.

Deux philosophies aux antipodes
D’innombrables philosophies vantent une meilleure façon de vivre en mettant l’accent sur l’individu: réalisez-vous! Faites-vous du bien! Centrez vos pensées sur vous-mêmes et ne vous occupez pas du reste du monde! La philosophie chrétienne, par contre, est diamétralement opposée. L’apôtre Paul veut régler l’attitude qui doit prévaloir entre fidèles et leur dit: «Ne faites rien par ambition personnelle ni par vanité; avec humilité, au contraire, estimez les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun, au lieu de regarder à ce qui lui est propre, s’intéresse aux autres.»

Un monde froid
Apprenons à être différents: donner avant d’être sûr de recevoir; remplacer la rancœur par le pardon; devenir, non des superstars, mais des serviteurs. C’est un esprit qui va à l’encontre de ce que nous observons autour de nous.

La société est capable d’être témoin d’agressions en plein jour sans que personne ne réagisse pour porter secours, par crainte de se compromettre. Souvent, on ne connaît pas ses propres voisins. La motivation d’aider, d’encourager, de défendre, de servir son prochain va en diminuant. Nos valeurs fondamentales se perdent dans un monde qui devient de plus en plus impersonnel. Jésus a dit que l’amour du plus grand nombre deviendrait «froid».

Style de vie
Vivre dans un état de service suppose de se préparer à l’avance des pensées telles: ceux qui m’entourent m’intéressent; je n’ai pas besoin d’être le premier; j’aimerais aider quelqu’un d’autre à gagner. Alors le service devient une attitude, un nouveau style de vie.

Quelque chose qui est «hors service» ne fonctionne plus, ne rend pas le travail que l’on attend d’elle. Que l’on ne puisse pas dire des chrétiens qu’ils sont «hors-service»!

Geneviève Radloff

Ce que dit la Bible du service

La Bible met en valeur le service. C’est un leitmotiv du Nouveau Testament, en particulier, où l’expression «les uns les autres» est récurrente: se laver les pieds; mettre son don au service; ne pas se mordre ni se dévorer; exercer l’hospitalité; être serviteur

Se consacrer
Comment accomplir la tâche du service au quotidien tout en gardant la joie et la fraîcheur de servir? Prenons l’exemple de Jésus dans Luc 6,12-19. Ici nous distinguons trois étapes. Jésus prend un temps tout seul afin de prier; il choisit l’équipe avec laquelle il va servir; il guérit les uns et les autres.

La pensée importante à retenir est la consécration. Jésus se consacre à son Père lorsqu’il prend du temps dans la prière. Il se consacre à la communauté en faisant équipe avec les douze apôtres. Enfin il se consacre à l’Evangile: il est la Bonne Nouvelle qui guérit.

En communion avec Dieu
Observons ce que cela signifie. Il y a un mouvement qui va de l’intérieur vers l’extérieur. Lorsque Jésus prie cette nuit-là, il vit un temps de recueillement en la présence de Dieu, il tient conseil avec lui. Au matin, il a obtenu une parfaite clarté. Il se lève et forme son équipe.

Notre vie intérieure, communion avec Dieu, est capitale. De là, notre service pour le prochain prend sa juste place. Le Christ nous confère notre identité. Elle est caractérisée par une assurance et une juste estime personnelle. L’intimité intérieure avec le Christ nous donne l’énergie pour les activités extérieures. Relevons l’importance de vivre dans le présent, comme Jésus, de jouir de l’instant présent en laissant «le faire» découler de «l’être». Etre en communion avec le Christ tout en vivant dans le présent nous rend sensibles aux occasions de servir. Cela apporte le repos.

Un service a un lieu
Dans le service au quotidien, n’oublions pas que nous ne sommes pas seules. Nos actions s’inscrivent dans la communauté des chrétiens. Jésus appelle ses douze disciples puis il descend avec eux vers la foule. La communauté est comme une passerelle entre sa vie intérieure et extérieure.

Pour nous, elle est le terreau dans lequel prend racine l’esprit de service. Les disciples de Jésus apprennent de lui. Fondés et enracinés dans son amour, nous pouvons nous détourner de nous-mêmes pour aller vers notre prochain. Nous sommes un maillon de la chaîne.

Choix coûteux
Servir peut nous conduire à effectuer des choix coûteux. Je me souviens du jour ou j’ai quitté une carrière professionnelle prometteuse pour un service dans le milieu chrétien. Ce ne fut pas sans larme, en constatant ce que j’allais perdre. Aujourd’hui, je ne le regrette pas. Dans cette marche au quotidien, voyant de quelle manière le Christ est présent, dans les bons comme dans les mauvais moments, il est de plus en plus «tout pour moi».

Ainsi notre service peut avoir des implications merveilleuses dans notre société. A la suite du Christ, il sera emprunt d’humilité, de compassion, de bonté, de sincérité et d’assurance.

Anne-Lise Sprunger

SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles 3-10 – Septembre-Novembre

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