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Condamnée à mort au Pakistan parce qu’elle a eu soif

© Alliance Presse
Asia Bibi: l'histoire de cette femme pakistanaise a fait le tour du monde. Comment une innocente peut-elle être condamnée à la pendaison juste parce qu’elle est chrétienne? Un livre vient de paraître, qui raconte son histoire et invite la communauté internationale à l’action.
Sandrine Roulet

Blasphème: c’est le titre du livre publié le 30 mai par Oh! Editions. Ecrit par la grande reporter française Anne-Isabelle Tollet, le document raconte à la première personne du singulier les conditions de la vie carcérale d’Asia Bibi, première femme condamnée à la peine de mort pour blasphème au Pakistan: son angoisse face à une mort programmée, l’impossibilité de pouvoir serrer ses enfants dans ses bras, le sentiment d’injustice qui l’habite, sa foi en Dieu malgré tout.

Pendue parce qu’elle a eu soif?
Il dévoile aussi les événements qui lui ont valu sa condamnation. Dans le premier chapitre du livre, elle raconte: « Moi, Asia Bibi, je suis condamnée parce que j’ai eu soif. Je suis prisonnière parce que j’ai utilisé le même verre que ces femmes musulmanes par 40°C. Une eau servie par une chrétienne jugée impure par ces stupides compagnes des champs. »

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Accusée de blasphème
Dans ce pays à majorité musulmane, les chrétiens doivent faire profil bas. Asia Bibi a travaillé plusieurs années avec des musulmans sans rencontrer le moindre problème. « Mais ce jour-là, le 14 juin 2009, il s’est agi d’un règlement de compte personnel: peu de temps auparavant, un buffle qu’Asia gardait lui avait échappé et avait piétiné la mangeoire d’une voisine. C’est cette voisine qui lui a reproché d’avoir rendu l’eau du puits impure. Asia s’est défendue en disant qu’elle ne croyait pas que le Prophète soit d’accord avec ce que disait la voisine », a expliqué Anne-Isabelle Trollet dans une interview à Famille Chrétienne. Asia Bibi aurait ensuite déchaîné la colère des musulmanes en refusant de se convertir à l’islam.

La famille d’Asia Bibi en danger
Avant que Shahbaz Bhatti, le ministre des Minorités religieuses, ne soit assassiné pour avoir soutenu Asia Bibi, Anne-Isabelle Tollet lui avait demandé si un livre pourrait aider la villageoise chrétienne. Le ministre lui avait facilité des rencontres avec la famille. La reporter a construit son récit en correspondant avec la prisonnière via son mari et son avocat, les seules personnes autorisées à rencontrer la condamnée.
Asia Bibi touchera une part des droits d’auteur sur le livre. Ils lui permettront de prendre des avocats plus aguerris et de louer une maison pour abriter mari et enfants qui, pour l’heure, doivent se cacher et changer de maison chaque jour.

Les médias interpellés
Les médias, dont Le Monde et L’Express, ont vanté le livre et soutenu cette cause. Le monde occidental découvre aussi mieux les conditions de vie des chrétiens dans les pays musulmans. Enfin, l’ouvrage est un appel à la communauté internationale. Le cas d’Asia Bibi a déjà amené le pape et le Parlement européen à faire pression sur le Pakistan.

Sandrine Roulet

SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles 3-11 Septembre – Novembre

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