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Laisser de côté son intellect pour avoir la foi ?

Dessin d'un cerveau
© iStock
On entend parfois cette idée qu’il faudrait choisir entre foi et raison, comme si l’une était l’ennemie de l’autre. Que penser de ces clivages? Quelle place laisser à la foi et l’intellect? Survol.
Nathania Clark

Le courant de pensée appelé «rationalisme» a bien souvent relégué la foi chrétienne et toute croyance liée au surnaturel à des fables sans fondement destinées aux âmes simples en quête de merveilleux.

Même parmi les chrétiens, il peut y avoir un mur mental qui se heurte à tout ce qui échappe à la raison. On l’appelle «l’esprit grec», à cause de ses origines philosophiques datant de la Grèce antique. Cette forme de pensée conduit à dévaluer le surnaturel et à réduire les miracles à de simples métaphores sans réalité physique. A l’inverse, le rejet de l’intellect comporte le risque de se laisser séduire par une forme de mysticisme ou par des émotions, sans la réflexion que nécessite le discernement.

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Le doute et la foi

Blaise Pascal, philosophe aguerri aux raisonnements logiques, reconnaissait les limites de la raison pour embrasser la foi. D’après lui, il vient un moment où l’intellect est dépassé et ne peut comprendre Dieu par la seule force de la raison. Le philosophe invite à faire ce «pari» qui porte aujourd’hui son nom, et qui consiste à croire que la révélation biblique est juste. Le penseur compte d’une part sur l’expérience de la relation avec Dieu pour attester de la justesse de la foi. Il explique d’autre part que l’enjeu du pari est tel qu’il est plus sage de faire un pas de foi que de demeurer dans le doute et de prendre le risque de perdre son salut.

Dans la Bible, Paul, un Juif érudit, reconnaît la difficulté pour le non-croyant de franchir le cap de la foi quand il parle de la croix, «folie pour
les païens, scandale pour les Juifs» (1 Cor. 1, 23). Le message d’un Dieu qui donne son fils et le livre à la mort pour sauver l’humanité n’est pas simple à accepter pour nos cerveaux rationnels bien limités.

Toutefois, si certains jugent l’Evangile trop simple pour être vrai, à y
regarder de plus près, on s’aperçoit qu’il est en réalité si profond que les plus sages des hommes ne cessent de s’en émerveiller. Il y a, dans l’Ecriture, une logique et une cohérence qui devrait nous inciter à la prendre très au sérieux et à admettre que si nous peinons à croire, c’est à cause de nos propres cadres cognitifs bien limités.

Examiner ce qui est biblique

Ce même Paul, apôtre de la foi, invitait les chrétiens de son temps à examiner toutes choses et tout enseignement reçu. «Ne méprisez pas les prophéties, mais examinez toutes choses et retenez ce qui est bon» (1 Thess. 5, 21). Il n’est pas question de pratiquer une foi aveugle, dénuée de bon sens. A l’époque de Paul, un certain nombre d’enseignements sectaires étaient donnés ici et là, égarant les disciples par un Evangile revu à la sauce néoplatonicienne ou par des expériences mystiques entraînant des dérives.

L’intelligence est un don précieux dans la recherche spirituelle

Il est intéressant de savoir, par exemple, qu’au deuxième siècle après Jésus-Christ, un homme nommé Markos dispensait à Lyon un enseignement basé sur une soi-disant révélation du Saint-Esprit qui incluait une expérience mystico-sexuelle avec des femmes désireuses d’accéder à un niveau supérieur de révélation. Ce tragique épisode de l’histoire de l’Eglise a d’ailleurs sans doute fait le lit des persécutions qui ont touché les chrétiens sincères de cette ville sous l’empereur romain Marc-Aurèle.

Spiritualité, mais pas sans intelligence

Aujourd’hui, devant la multitude des enseignements et courants de l’Eglise, une intelligence renouvelée ainsi qu’un fondement dans la parole de Dieu est plus que jamais nécessaire. La foi entre en action pour accepter que l’enseignement biblique est vraiment inspiré par Dieu et fiable. L’intelligence est un don précieux dans la recherche spirituelle. Nombre de personnes viennent à croire en Jésus parce qu’elles trouvent des réponses pertinentes à leurs questions légitimes. Inutile donc de choisir entre foi et raison: les deux se complètent.

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