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Guérisseurs et faiseurs de secret, comment se positionner?

Entretien avec Raymond Bossy, médecin et membre des Chrétiens au Service de la Santé
Natacha Horton

Un livre qui répertorie les adresses de guérisseurs et faiseurs de secret fait un tabac en Suisse romande. Cette popularité vous surprend-elle?
Le secret est pratiqué depuis de nombreuses années et les gens y ont facilement recours, même au sein du milieu médical et hospitalier. C’est un peu la fin qui justifie les moyens : pourvu que le patient estime que cela lui fasse du bien et qu’il y croie. Ce succès littéraire s’explique aussi certainement par le côté intriguant du sujet.

En tant que chrétien, quelles sont les questions à se poser?
S’interroger sur les moyens et plus encore, sur les effets. Avec les médicaments, on a l’habitude de prendre garde aux effets secondaires, mais pas encore avec les médecines parallèles. Cette démarche n’est pas évidente. Cela peut être subjectif et les effets indésirables ne sont souvent pas visibles immédiatement.
Pour le secret, on est dans le domaine de l’occulte. Occulte veut justement dire secret. C’est une connaissance initiatique de ce qui est caché, souvent associée à des forces surnaturelles.

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Mais si ça marche… Faut-il vraiment avoir des scrupules?
— CREDIT–
Qu’entend-on par «ça marche»? En général, cela signifie que les symptômes ont disparu et que l’on se sent mieux. Il vaut la peine d’être plus fin. Il peut y avoir d’autres explications, comme l’effet placebo, l’évolution ou la disparition des affections ou un faux diagnostic.
Vous avez des douleurs au ventre. On vous parle d’une «dysrégulation du foie». Après quelques séances, vous allez mieux ; mais vous ne souffriez en fait que de constipation. Autre exemple : après une séance d’acupuncture, vos douleurs ont disparu. Mais on sait que les aiguilles stimulent les endorphines, qui diminuent la sensation douloureuse. On peut constater l’amélioration des symptômes mais se tromper quant à l’origine de cette amélioration.
Et le secret? N’est-il pas trop répandu pour être une arnaque?
Le piège est de confondre disparition des symptômes et guérison.
Une femme qui avait été soignée par le secret et l’avait également pratiqué pendant une vingtaine d’années, Jacqueline Frésard, a pu en constater les effets indésirables : non seulement, elle devait y retourner régulièrement mais elle était en proie à des angoisses et sentait des présences glaciales dans sa chambre la nuit. Plus tard, elle s’est tournée vers Dieu et a renoncé à tout cela. À ce moment-là, elle a été guérie entièrement.
Le secret agit comme une sorte de «voile». On a le sentiment d’être en bonne santé. Ce n’est souvent que par une démarche spirituelle chrétienne que cette illusion est mise en évidence.

Certains guérisseurs disent faire appel à Dieu et aux saints.
Ils utilisent parfois des formules trinitaires. La puissance réside dans le rituel ou l’invocation. Cela se rapporte donc à de la magie. Dieu collabore avec le chrétien, mais il est souverain. C’est lui qui agit, non le guérisseur ou une formule, même trinitaire.

Si l’on est en difficulté avec ces pratiques, comment en parler avec des amies qui y sont acquises?
Celui ou celle qui recourt à un guérisseur souffre et son désir de guérir est légitime. Vous pouvez être attentive à ce besoin. Le terrain de la croyance, par contre, se prête mal aux polémiques. Discutez plutôt de la notion de santé. Bibliquement, la santé ou la guérison est d’abord être restauré dans ses relations : avec Dieu puis les uns avec les autres.
D’autre part, si l’on vous vante le secret ou tel guérisseur, vous pouvez par exemple dire que vous préférez consulter un Dieu dont vous êtes convaincue des bonnes intentions et de la Toute-puissance que des puissances inconnues. ❤
Propos recueillis par Natacha Horton

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