Comment se défaire des kilos émotionnels

Les émotions négatives, quand elles sont trop fréquentes, trop intenses et insuffisamment compensées par des émotions positives font prendre du poids. Ce phénomène fait l’objet du dernier ouvrage du psychiatre Stéphane Clerget, intitulé Les kilos émotionnels, comment s’en libérer. Les émotions négatives agissent à deux niveaux, comportemental et physiologique: le choix des aliments et les comportements alimentaires ainsi que le stockage des graisses dans l’organisme. Il est connu qu’une personne triste pourra chercher dans la nourriture du réconfort et de la chaleur. Moins connue, l’accumulation de graisse en réaction à un état de tristesse prolongée. Celle-ci «n’est pas constante, mais elle est une des réponses émotionnelles du corps, qui exprime symboliquement ce besoin d’être enveloppé, emmitouflé, protégé», analyse Stéphane Clerget. Le psychiatre nomme «prise alimentaire émotionnelle» la consommation d’aliments ou de boissons qui ne répond pas à un besoin énergétique mais à une variation émotionnelle qui pousse à manger ou boire.
Travailler sur les causes plutôt que les symptômes
Se délester de ces «kilos émotionnels» est possible en identifiant et se libérant de ces émotions isolées ou récurrentes que sont la colère, la tristesse, l’ennui, l’anxiété, la frustration, la honte mais également le stress et la culpabilité. Stéphane Clerget conseille d’observer l’émotion éprouvée avant de manger et de la comparer à son degré de faim. Un journal de bord permettra à coup sûr de repérer sa façon de fonctionner.
Il n’est pas toujours facile de nommer l’émotion sous-jacente. La sensation de «manque» ou de «vide intérieur» est souvent prise pour de la faim! Dans un second temps, on cherchera les raisons de l’apparition de cette émotion précise. L’ennui provoqué par l’absence des enfants ou la désillusion face à une relation amoureuse qui prend fin?
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Une fois repérées les prises alimentaires émotionnelles, il s’agira de fournir une réponse spécifique à chaque émotion (lire encadré).
Trouver d’autres canaux
Pour se détourner de «l’absorption réflexe de nourriture», il est possible d’adopter d’autres conduites «rassasiantes» émotionnellement. Faire appel à ses autres sens pour se procurer du bien-être en est une: par exemple, s’offrir un bouquet odorant, en écoutant sa musique préférée, en se massant avec du lait corporel ou en se repassant le film de ses dernières vacances. De même, les activités créatrices comme le dessin, la sculpture ou la pratique d’un instrument sont propices à l’expression émotionnelle, quelle qu’elle soit. Bouger et sortir limitent également le risque de repli sur la nourriture.
Manger par faim et par plaisir
«Quand on mange par plaisir, hormis quand le plaisir ressenti est source de culpabilité, on n’a pas besoin de manger beaucoup, car les premières bouchées sont les meilleures. Ensuite, le plaisir s’atténue», explique encore Stéphane Clerget. Pour le psychiatre, pas question d’évincer la notion de plaisir, mais plutôt de renoncer à manger par pulsion, habitude, ennui ou chagrin. Etre à l’écoute de son corps, en adéquation avec ses besoins, refuser de manger par devoir ou obligation: voilà qui prévient aussi les kilos émotionnels.
Sandrine Roulet

Article tiré du numéro SpirituElles 2-2010 – Juin à Août
Comment réagir à ses émotions?
Les émotions sont à prendre en compte, sans se laisser guider par elles. Le médecin et auteur Bruce Thompson illustre cette exigence par l’image du train: la locomotive de sa vie devrait être le cœur, au sens biblique, soit la personne profonde avec sa dimension spirituelle, entraînant à sa suite les wagons de l’intelligence rationnelle puis des émotions. Lorsque les émotions mènent le bal, la colère peut devenir haine violente et la tristesse dépression. Face au manque affectif, Marlyse Bachmann, psychologue, ne croit pas aux recettes dans ce domaine. Elle esquisse quelques conseils: suggère de penser à l’amour de Dieu. On peut s’imaginer être dans ses bras comme un bébé et être regardée, écoutée, bercée par lui. On peut aussi téléphoner à une personne qui compte dans notre vie, lui exprimer notre besoin et si elle en est capable, lui demander de venir nous rendre visite et de nous prendre dans ses bras. Face à l’anxiété: identifier ce qui la déclenche et de le verbaliser; dire à haute voix ce qui inquiète ou même l’écrire. On peut ensuite trouver une parole dans la Bible qui rejoint et apaise cette anxiété. Il est aussi important de visualiser que nous ne sommes jamais seuls. Dieu a promis qu’il traverserait les souffrances avec les siens. Face à la colère: pour la psychologue, il est nécessaire de faire la part des choses, en s’interrogeant sur sa part de responsabilité. Ensuite, l’extérioriser est libérateur: que ce soit à Dieu, comme le font les personnages bibliques, en prenant un Psaume de plainte et en le priant ou auprès d’une personne de confiance.