Coup de coeur pour les Restos du Coeur
«Je me suis vite sentie à ma place»
« Ce matin-là, j’étais venue avec des sacs de cosmétiques et de provisions. Je désirais donner un peu de mon abondance. En visitant le local et en apprenant le besoin en personnel, j’ai eu le “coup de cœur” qui m’a donné envie de donner aussi de mon temps », se rappelle Karine. « J’ai commencé le lendemain même, avec un peu la boule au ventre. Mais je me suis vite sentie à ma place: mon engagement ici n’était pas un hasard, il était guidé par Dieu! »
Aujourd’hui, Karine se sent comme un poisson dans l’eau. Elle gère la baby boutique avec une autre bénévole. Leur mission: organiser et distribuer des stocks de vêtements, de l’alimentation et des jouets pour les 0 à 2 ans. Aux heures d’ouverture, les locaux deviennent une véritable ruche, où les 40 bénévoles s’activent, chacun à son poste: banque alimentaire, mobilier, vêtements adultes, boutique bébé, coiffeur, bibliothèque, cafétéria. Impressionnant à voir!
«Ce ne sont pas des numéros»
Franchir la porte des Restos du Cœur pour recevoir de l’aide n’est pas si facile. Certaines personnes, quand elles viennent pour la première fois, n’osent même pas lever les yeux, tant elles se sentent gênées, humiliées. « Et pourtant, être dans le besoin peut arriver à n’importe qui! », s’exclame Karine.
Le don matériel ne suffit pas, les demandeurs souhaitent un accueil de qualité. C’est ça qui fera la différence. « J’essaie de réconforter par un sourire, des paroles amicales, une attitude d’écoute. Certains, s’ils sont accueillis sèchement, n’oseront plus revenir. Ils ne sont pas des numéros et ont tant besoin de chaleur humaine! »
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Discerner les vrais besoins des gens
Il faut donner, mais pas n’importe comment. La distribution est minutieusement organisée: tous les dons sont inscrits et le dossier des bénéficiaires est bien suivi. «Nous devons avoir du discernement, afin de repérer les réels besoins. Il faut éviter de se laisser déborder, et les apparences sont parfois trompeuses», raconte Karine. Elle note donc tout sur ses fiches et reste vigilante. « Avec le temps, je connais bien les familles et je veux donner de façon la plus équitable possible, tout en gardant de la souplesse.»
L’amour du prochain en action plutôt qu’en paroles
La charte de cette association caritative stipule l’indépendance religieuse ou politique. Même les dons de produits dont les étiquettes ne respecteraient pas cette neutralité sont refusés. «Je ne peux pas parler directement de ma foi chrétienne. Mon témoignage réside dans mon engagement à servir ici, à donner ma disponibilité, mon écoute, mon efficacité. C’est l’amour du prochain en action, plus qu’en paroles…»
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, être active dans une association au service des démunis n’est pas toujours simple.« Respecter les coéquipiers avec leur tempérament et leur vision m’apprend à rester humble. Je dois m’ajuster et me remettre en question». C’est donc tout un apprentissage où chacun doit mettre du sien pour surmonter les tensions, persévérer et garder la joie de travailler en équipe!
La passion et l’enthousiasme de Karine ont poussé une autre femme de son Eglise à intégrer l’équipe.
Bernadette Haury
Article tiré du numéro SpirituElles 1/12 Mars-Mai
Les Restos du Coeur en chiffres
Coluche lance les premiers Restos du Cœur en 1985, afin d’aider les plus démunis. Aujourd’hui, c’est un réseau de 58 000 bénévoles en France. Les banques alimentaires offrent des denrées de qualité à 830 000 personnes. L’association se bat pour conserver l’aide européenne et de l’Etat.
