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Les familles qui adoptent

© Istockphoto
Chaque année, des milliers de couples français et suisses obtiennent le précieux agrément qui leur permet de candidater à l’adoption d’un enfant. Karen et Laurent, 27 et 28 ans, se sont lancés dans l’aventure il y a quelques années, après un diagnostic d’infertilité.
Sandrine Chansel

De la France à l’Argentine… Le début d’un parcours du combattant
Après avoir obtenu leur agrément en France au bout de deux ans, et y avoir déposé une demande d’adoption qui n’aboutira pas, Karen et Laurent, missionnaires basés en Normandie, décident finalement de partir pour l’Argentine. Afin d’adopter des autochtones, ils doivent rester au minimum 5 ans dans le pays… Ils recommencent toutes leurs démarches, obtiennent un nouvel agrément et se font aider, sur place, par une avocate. Un an après leur arrivée, une porte s’ouvre enfin: celle d’un orphelinat, où ils s’engagent comme bénévoles.

Contexte: le déclin généralisé des adoptions

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«Le nombre d’adoptions plénières* (celles qui rompent tout lien de filiation avec la famille biologique, ndlr) en France est en baisse massive depuis au moins les années 70», explique Jean-François Mignot, sociologue et démographe au CNRS. En Suisse, 363 enfants ont été adoptés en 2018, contre 1583, il y a 40 ans. Et à l’international, les adoptions ont diminué de deux tiers depuis 2004; rien qu’entre 2019 et 2020, le nombre d’adoptions a diminué de moitié.

Pourquoi? La libéralisation de la contraception et l’accès à l’IVG ont eu un grand impact sur le nombre d’enfants non-désirés et abandonnés. Pékin a mis fin à la politique de l’enfant unique en 2005, et la Russie, longtemps premier pays d’origine des adoptés, a décidé de privilégier les adoptions nationales, de même que le Brésil, ou la Corée du Sud, longtemps l’un des premiers viviers de l’adoption internationale. Haïti, autre pays parmi ceux confiant le plus d’enfants à l’adoption, est également signataire, depuis quelques années, de la convention de la Haye, qui met fin aux adoptions indépendantes.

Du «mythe» de l’orphelin aux enfants à besoins spécifiques

Lors d’adoptions internationales, moins de 10 % des enfants adoptés sont orphelins. Les autres sont, entre autres, des enfants dont les parents ont été déchus de leurs droits parentaux. Nathalie Parent, présidente de l’EFA (Enfances et Familles d’Adoption), explique: «beaucoup de candidats souhaitent un enfant jeune et en bonne santé (…) Or, les enfants qui attendent aujourd’hui sont plus âgés, avec des parcours de vie difficiles, (…) des maladies ou des handicaps». Tous ces enfants, dits «à besoins spécifiques», concernent également les fratries de plus de deux enfants. En 2016, ils sont ainsi plus de 700 à ne pas avoir pu être adoptés, faute de projet parental leur correspondant, selon l’EFA.

Ni un ni deux…

Pour Karen, qui rêvait d’une famille nombreuse, l’adoption d’une fratrie était une évidence. Au bout d’un an de bénévolat, Dieu lui donne la conviction qu’ils doivent adopter cinq frères et sœurs âgés de deux à huit ans! Quelques mois de réflexion et de prière plus tard, Laurent est aussi convaincu. Ils déposent une demande et obtiennent une réponse positive un mois après.

L’adoption sera validée par l’Argentine cinq ans plus tard. Rentrés en France en 2019, il leur faudra encore attendre deux ans pour qu’elle y soit homologuée, portant la durée totale de leur démarche… à quatorze ans! «Je remercie Dieu d’avoir ignoré les difficultés qu’on allait rencontrer, car je me serais découragée», avoue Karen. «Mais si c’était à refaire, je le referai, car il n’y a pas de plus grande joie que d’avoir ces cinq enfants, nos enfants, de les voir grandir dans la joie, dans la foi, et d’être tellement épanouis!»

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