Dans la parabole des talents (Mat. 25, 14-30), Jésus raconte l’histoire d’un homme qui part en voyage. Il confie un talent d’argent (environ trente kilogrammes) à l’un de ses serviteurs, deux à un autre et dix à un troisième, en leur demandant de les investir. Lue sous un angle psychologique, cette parabole nous enseigne que l’énergie, tout comme les dons, diffère d’une personne à l’autre. Certaines femmes débordent d’énergie, prêtes à s’investir sur de multiples fronts. D’autres, en revanche, sont plus limitées et doivent choisir comment investir cette énergie avec soin. C’est ce que la parabole enseigne: ce qui importe n’est pas combien nous avons, mais ce que nous en faisons.

S’investir avec discernement

Les talents représentent autant les compétences que l’énergie que Dieu nous donne pour agir. Chaque serviteur reçoit «chacun selon sa capacité» (v. 15), tout comme nous n’avons pas toutes la même énergie. Certaines femmes, pleines de vitalité, s’impliquent dans une multitude d’activités. Pour elles, les vingt-quatre heures de la journée semblent insuffisantes. D’autres, qui ont l’équivalent d’un ou deux talents, doivent prioriser. La fatigue chronique, les responsabilités familiales ou les circonstances de la vie restreignent leur capacité à s’investir. Leur défi est de trouver comment utiliser au mieux cette petite énergie, pour porter du fruit là où cela compte le plus.

Jésus ne demande pas que nous produisions toutes le même résultat. Ce n’est pas l’ampleur des réalisations qui compte, mais de bien investir notre énergie, aussi petite soit-elle. Rosemary Radford Ruether, théologienne étasunienne, nous rappelle que les femmes subissent souvent des attentes écrasantes, les poussant à croire qu’elles doivent tout faire, sans relâche. Or, Jésus nous enseigne que chaque geste, même modeste, est précieux. La femme qui a un talent a autant de valeur que celle qui en a cinq.

Que faire selon notre énergie?

Pour celles qui disposent de peu de vigueur, il est important de se libérer de la culpabilité. Dire non ou renoncer à certains engagements n’est pas un échec. Dieu ne nous demande pas de tout faire, mais de nous engager avec sagesse. Le serviteur qui a caché le seul talent qu’il a reçu a agi par peur. N’enterrons pas nos capacités par crainte de ne pas en faire assez.

A l’inverse, les femmes qui ont plus d’énergie peuvent être tentées de multiplier les engagements jusqu’à l’épuisement. Cependant, la parabole nous invite aussi à agir avec discernement et à s’investir de manière réfléchie. Une autre théologienne, Elisabeth Schüssler Fiorenza, souligne l’importance des femmes dans les premières communautés chrétiennes. Leur rôle, parfois modeste, a contribué à la transmission de la foi. De même, nos actions, même petites, ont la portée de transformer les choses. Que nous ayons un ou cinq talents, Dieu valorise chaque effort offert avec amour.