Le plaisir sexuel, fruit défendu?

Dans certains milieux, c’est devenu une rengaine: la foi chrétienne serait incompatible avec une sexualité épanouie. C’est oublier un point essentiel: «La sexualité faisait partie de la Création bien avant l’arrivée du péché», souligne le sexologue Roger Eykerman. Elle n’a donc rien à voir avec le péché originel comme on l’entend parfois. Le spécialiste tient également à corriger une autre assertion erronée: «La sexualité n’a pas pour seul objectif la reproduction. Ce serait nier le fait que le plaisir des sens est présenté dans la Bible comme un don que Dieu a fait à ses créatures», assure-t-il. Dans son livre Tabou (éd. Farel), il rappelle d’ailleurs comment «le Cantique des cantiques dépeint une véritable relation amoureuse, y compris sur le plan physique. Il illustre sans équivoque le plaisir des caresses (chapitre 4) et même de l’orgasme (chapitre 5).»
Sexualité et mariage
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Dans Sexe et désir – Fruits défendus ou cadeaux de Dieu? (éd. Farel), le pasteur Jonathan Hanley insiste lui aussi sur cette notion de grâce divine: «Lorsque la Bible nous parle de la sexualité, ce n’est ni comme un manuel, ni comme un recueil de règles et de contraintes, mais comme d’un cadeau, avec tout ce qu’il comporte d’enthousiasme, de motivation et de plaisir.» Pour le pasteur, par ailleurs, «rien dans la Bible ne porte à croire que les qualités humaines comme la créativité et l’esprit d’aventure devraient être exclues du domaine sexuel. Une certaine variété dans les comportements de séduction et dans les rapports sexuels eux-mêmes n’est en rien incompatible avec les principes bibliques d’amour et de fidélité dans le mariage.»
Le mariage, oui. Car si Dieu a conçu la sexualité, il l’a aussi délimitée dans un cadre précis, comme le rappelle Jonathan Hanley: «Selon la Bible, les relations sexuelles constituent un péché lorsque les conditions relationnelles instituées par Dieu pour notre bien ne sont pas en place, c’est-à-dire lorsque l’homme et la femme ne sont pas liés l’un à l’autre par cet engagement exclusif.»
Un plaisir à vivre en sécurité
Aujourd’hui, «le plaisir personnel a été érigé en dieu», poursuit-il, «et les relations sexuelles ont souvent pour finalité le plaisir du moment, l’assouvissement des désirs personnels, quitte à exploiter les autres pour l’atteindre. Ainsi sont-elles devenues, pour certains, une dépendance qui brise les liens au lieu de les construire, un vecteur de malheurs et de maladies, un outil d’asservissement.»
Or, c’est de ces désespoirs que Dieu entend protéger le mariage, conçu comme une alliance. «Sa finalité première n’est pas de contraindre l’homme et la femme à vivre dans un cadre qui légitime les rapports sexuels, mais de leur donner un contexte qui les protège tous les deux et contribue à leur épanouissement à long terme», expose encore le pasteur. Et d’ajouter: «C’est pourquoi les “fidélités successives” ne suffisent pas comme cadre d’alliance. En effet, de telles relations ne tiennent pas compte du besoin humain de sécurité face aux adversités inévitables que sont le temps et l’ennui.» – Par Charlotte Moulin
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