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Ferdinande ou le contentement

Lorsqu’elle était enfant, Ferdinande Inderkummen se levait avant tout le monde pour aller à la messe, qui, en ce temps-là, se donnait tous les matins. Par une belle journée d’été, elle s’arrêta un instant pour se baigner dans la rivière sur le chemin de l’église. Quelques semaines plus tard,…

Lorsqu’elle était enfant, Ferdinande Inderkummen se levait avant tout le monde pour aller à la messe, qui, en ce temps-là, se donnait tous les matins.
Par une belle journée d’été, elle s’arrêta un instant pour se baigner dans la rivière sur le chemin de l’église. Quelques semaines plus tard, en se réveillant, elle ne parvint pas à se lever et ne le put jamais plus. La polio l’avait touchée dans le cours d’eau.
Et c’est ainsi qu’elle a grandi, qu’elle a malgré tout élevé des enfants et des petits-enfants, ceux de sa soeur. Elle a rencontré le prince charmant, «le plus beau cadeau que la vie m’ait donné», travaillé, appris à lire et à écrire toute seule, à jouer du violon. Surtout, elle a aimé la vie avec un sourire
et un rire qui faisait craquer tout son voisinage venu lui confier petits secrets et gros chagrins.
–CREDIT–
Heureuse de ce que j’ai
Aujourd’hui, je rends grâce à Dieu d’avoir été enseignée
par cette vieille dame dans son fauteuil
roulant car elle m’a donné l’essentiel: l’art d’apprécier
ce qui m’entoure et la gratitude envers les
petits détails de mon existence. Et les jours où
je me plains de tout et surtout de rien, je pense à
elle, à ses yeux qui pétillaient à la vue d’un petit
moineau grignotant les croûtes de fromage qu’elle
avait soigneusement hachées, «pour ne pas qu’il
s’étrangle». Je pense à elle, buvant le thé à quatre
heures, avec la joie de pouvoir étancher sa soif
et la gratitude d’avoir «le nécessaire». Je pense à
elle, émerveillée par tout et surtout par un rien.
Alors, quand en moi la mégère acariâtre se remet
à geindre, je la regarde droit dans les yeux et je lui
dit: «tais-toi, tu n’es pas moi, tu n’es pas celle que
le Seigneur a créée à sa ressemblance et tu n’es
pas celle
à qui je
veux ressembler
».
Puis je me détourne de ces sombres pensées, sans me retourner, pour rejoindre la direction que prenait le regard de ma nounou ferdinande. Celui de la joie dans ses manifestations les plus infimes, même s’il ne s’agit que d’un papillon survolant un cataclysme. Nous avons toujours le choix. Regarder le papillon ou regarder les décombres. Je veux obéir à
mon Seigneur qui m’a donné ce commandement:
«J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction: choisis la vie!»

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