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L’adolescence n’est pas une maladie

Complexes ou défis de l’adolescence, la frontière est mince. Le point avec Denise Bouvier, psychothérapeute, directrice d'un centre de relation d'aide

D’après vous, l’apparition de complexes chez l’ado, est-ce un passage obligé ?
Je n’aime pas trop le mot complexe, je le trouve «pathologisant». Je préfère parler de défis liés à l’adolescence et de ce point de vue, c’est un passage incontournable.

Quels sont ces défis, alors ?
Garçons et filles se rejoignent sur la plupart des défis et questionnements. Il y a tout d’abord le rapport à l’acceptation de leurs pairs : est-ce que j’ai ma place parmi les copains, les copines ? Et l’appartenance culturelle : quelle est ma culture ? Et puis il y a toutes les questions existentielles comme : «Comment puis-je savoir que j’existe ? Quelles sont mes capacités, quelle est ma personnalité ? Comment gérer la montagne russe de mes émotions ! Et enfin, toutes les questions liées à la définition sexuelle : suis-je vraiment «mec» ou «nana» ?
S’y ajoutent, pour d’autres, les questions liées à la foi : comment définir mes croyances ? Est-ce que j’adopte les croyances de ma famille, quelles seront mes références ?
–CREDIT–
Certains défis sont-ils nouveaux ?
L’aspect de la tribu est devenu très fort cette dernière décennie : punks, gothiques, tektonik, altermondialistes, pour n’en citer que quelques-uns. Cela complique les choses pour les jeunes qui se cherchent. On assiste aussi à un grand retour de l’ésotérisme et à l’augmentation des dépendances : alcool, cannabis, drogues et sans oublier les cyberdépendances ou troubles alimentaires et plus de passages à l’acte de violence. Les expériences extrêmes sont à la mode, y compris une augmentation de l’automutilation : on cherche à se «sentir en vie» par la douleur et à voir jusqu’où on peut aller.

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Comment bien accompagner l’ado en tant que parents ou amis ?
En commençant à le faire depuis sa naissance ! Il est très important d’aider l’enfant à prendre une responsabilité progressive de son existence : apprendre à gérer ses émotions, l’aider à exercer une validation positive de lui-même, à gérer les hauts et les bas. Trop le materner ne lui rend pas service car il n’apprend pas l’autonomie. C’est important qu’il puisse formuler ses choix et vivre avec les résultats.
Les parents doivent oser se montrer sans fards, humains, savoir reconnaître leurs impasses, leurs échecs mais aussi leurs forces. Et puis se dire que la phase d’expérimentation est nécessaire, en veillant bien sûr à ce que le jeune ne mette pas ses jours en danger. On peut aussi l’accompagner dans certaines expériences positives fortes et saines : une cabane en montagne, un fun-laser, un concert. Sans quoi rester toujours dans un rôle cadrant peut susciter davantage d’opposition.

Et Dieu dans tout ça ?
Dieu a placé en nous un désir de perfection : d’avoir une vie d’abondance, d’être la personne la plus formidable possible. Tout se complique lorsque ce désir est soumis à notre nature humaine, déchue selon la Bible : on se compare, on se mesure, on se juge et on ne se sent pas à la hauteur. Mais Dieu peut nous aider à aller plus loin, à découvrir notre identité en lui, à savoir s’accepter avec ses qualités et ses défauts.
Et puis zut, personne ne se balade avec son auréole ! Dans les yeux de Dieu, on a tous la même valeur, on doit se le rappeler régulièrement car on a tous tendance à l’oublier. S’améliorer, grandir reste un défi tout au long de sa vie, tout n’est pas joué avant dix-huit ans ! ❚

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