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Corinne Lafitte: «Dieu cherche des gens à qui partager son cœur»

© Alliance Presse
Corinne Lafitte compose et interprète des chants et elle enseigne des Églises. Cette grand-maman de 58 ans partage son temps entre la Suisse et Paris. Elle évoque sa passion pour le chant sacré et ses expériences spirituelles.
Natacha Horton

Comment est-ce que le chant et la louange sont entrés dans votre vie?

On peut dire que j’ai baigné dedans ! Je suis née dans une famille de musiciens. Pour la louange, il y a eu différentes étapes.
À l’âge de six ans, mes parents traversaient une profonde crise conjugale. Une dame tzigane s’est présentée à notre porte. Ma mère lui a dit d’emblée qu’elle ne souhaitait pas qu’on lui lise les lignes de la main. Cette femme a répondu qu’elle avait rencontré Jésus et qu’elle était là pour en parler.
Nous nous sommes rendus à l’une de leurs réunions. J’ai trouvé cela extraordinaire. Mes parents ont alors reconnu le Christ et j’ai réalisé que Dieu avait répondu à ma prière de petite fille : que l’enfer cesse à la maison. Dans cette rencontre, j’ai compris ce qu’était l’intimité avec Dieu. Je voyais ces gens le louer de tout leur cœur. La présence de Dieu était tangible.
À l’âge de onze ans, j’ai fait une démarche personnelle et j’ai réellement rencontré celui que je pouvais considérer comme un Père. Plus tard, j’ai commencé à jouer de la guitare, à composer. J’animais le temps de chant dans un groupe de jeunes chrétiens et j’ai continué sur cette voie.
C’est bien des années après que j’ai retrouvé cette vocation. J’étais mariée et j’avais déjà deux enfants. Mais une fausse couche m’a fait passer par une période douloureuse. C’est là que j’ai rejoint, comme choriste, une chorale américaine de passage à Paris. J’ai vécu quelque chose d’extraordinaire. J’avais l’impression qu’un flot descendait du ciel, passait aux travers des chanteurs et se répandait sur l’assistance. C’était la présence de Dieu. Cela a été le début d’une louange vivante, d’un appel particulier.

Quelles sont vos sources d’inspiration dans la composition de vos chants?

Ils naissent des moments que je passe dans le recueillement, de souffrances ou de textes bibliques qui m’interpellent. C’est toujours quelque chose qui est vécu. Je pense que cela se ressent dans une composition.
Lors du décès de ma mère, qui était une femme pieuse, je suis restée à ses côtés durant les dernières heures. Elle a ouvert ses yeux et m’a dit : «Je vois une grande étendue d’eau et Jésus qui me dit : “Viens”». Je sentais que la fin approchait et j’ai prié pour elle. Je me suis sentie poussée à prononcer pour elle une bénédiction. J’ai pensé à celle qu’on peut lire dans Nombre 6, 24 : «Que l’Éternel te bénisse et te garde !». Elle est partie au dernier mot de ma prière. C’était à la fois triste et miraculeux. J’ai composé la chanson Que le Seigneur te bénisse et te garde suite à cela.

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Pour vous, quelle est la clé de l’intimité avec Dieu?

Je pense qu’il faut vraiment le chercher. Dieu prend plaisir à se cacher parfois et d’autant plus à se révéler lorsqu’on le cherche ! Cela demande de passer du temps à lire la Bible, à prier.
Je fais aussi très attention à ce que lui pense de moi. L’intimité, c’est avoir un grand souci de lui être agréable en tout : dans ma manière d’être, de parler, d’aimer. C’est chercher à lui faire plaisir.

On dit que la sensibilité féminine est un atout pour entrer dans cette intimité. En faites-vous l’expérience?

J’ai donné un jour un enseignement intitulé «Disciple du Christ au féminin». Pour ce faire, j’ai relu les Évangiles et j’ai été frappée par la délicatesse de Jésus envers les femmes. Il ne leur a jamais adressé de reproche. Il y a également de grands exemples de paroles de louange prononcées par des femmes. Lorsque la femme répand du parfum sur ses pieds et pleure, Jésus la laisse faire et dit aux autres : «Regardez-la». Jésus a une sensibilité particulière avec les femmes.
Je ne crois pas que les hommes soient moins sensibles ; par leur éducation, ils ont simplement appris à contenir leurs émotions.

Dans ces temps d’intimité, qu’avez-vous appris dernièrement sur Dieu?

Il cherche des hommes et des femmes avec lesquels partager ce qu’il a sur le cœur. Nous avons très souvent cette conception : venir lui parler de ce qu’il y a sur notre cœur. Mais il cherche des gens avec qui partager ce qu’il y a sur le sien.
Lorsque nous avons ce cœur à cœur, cela nous permet de prendre du recul par rapport à nos situations. Ses sujets deviennent plus importants que les nôtres. Cela demande de prendre du temps et aussi de l’obéissance.

Il y a quelques années, vous êtes tombée malade. Quel effet cela a-t-il eu sur votre foi?

J’ai passé trois mois entre mon lit et ma salle de bain. Je ne pouvais plus jouer du piano. Une nuit, j’étais en train de lire la Bible, j’ai fortement senti une présence dans ma chambre. Je lisais un texte de Luc où Jésus dit à une femme souffrante : «Femme, je te délivre de ton infirmité». J’ai su que cette parole m’était adressée.
Peu de temps après, le diagnostic est tombé : j’avais une sclérose en plaques. Je souffrais toujours, mais au moins, j’avais reçu une promesse. Je me trouvais alors face à un choix : suivre un traitement – et je savais que Dieu serait avec moi si je choisissais cette voie-là – ou croire en sa parole. C’est ce que j’ai fait. J’ai appris à considérer cette épreuve comme un sujet de joie, dans laquelle Dieu pouvait se glorifier. J’ai commencé à faire de petites marches quotidiennes avec mon mari. Je proclamais le Psaume 103, les versets 1 à 5, tous les jours. Une année après, j’étais debout, je marchais normalement, sans avoir pris de médicaments. Rien n’est impossible à Dieu.
Propos recueillis par Natacha Horton

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