Le «victim blaming» ou quand la victime devient coupable

«En même temps, vu comment elle était habillée…»; «Pourquoi elle n’est pas partie avant s’il la battait?»; «Elle l’a cherché aussi», etc. A chaque affaire de violence conjugale, d’agression sexuelle, de viol voire de meurtre, il y a toujours des personnes pour dégainer ces remarques. Mais une seconde. Qui a commis l’acte? Sommes-nous bien sûrs de désigner le bon coupable? Cette tendance à transférer la faute de l’agresseur sur sa proie, aux antipodes des valeurs bibliques, c’est ce qu’on appelle le «victim blaming» (blâmer la victime). Un phénomène qui touche majoritairement les femmes, mais aussi les hommes («Il aurait pu se défendre, c’est lui l’homme», «C’est un faible», etc.).
De graves conséquences
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Ce mécanisme repose souvent sur une idée profondément ancrée: on récolte ce que l’on mérite. Mais ce raisonnement, inconscient parfois, ajoute au traumatisme des blessures supplémentaires puisque la souffrance de la victime est invalidée et décrédibilisée, ce qui peut la pousser à renoncer à porter plainte ou même à douter de sa réalité. Pourtant, ce discours est un mensonge uniquement fondé sur des présupposés erronés. Jésus le rappelle: «Ne jugez pas selon l’apparence, mais jugez selon la justice» (Jean 7, 24). Bien avant dans la Bible, Dieu avait averti: «Tu ne propageras pas de faux bruit.» (Exode 23, 1).
De quoi ébranler nos réflexes culturels, mais aussi nos réflexes féminins. Les résultats de l’étude «Cognition, Brain, Behavior» («Cognition, Cerveau, Comportement») publiés en 2018 révèlent en effet «des différences entre les sexes concernant la culpabilisation des victimes: les femmes [ont] tendance à blâmer davantage la victime que les hommes». Si nous sommes victimes, tâchons d’ignorer ces voix mensongères pour avancer et ce en nous entourant de personnes qui nous font confiance, sans hésiter à consulter un spécialiste à ce propos. Si nous sommes en présence d’une victime potentielle, donnons-lui du crédit. A ce sujet, la théologienne Valérie Duval-Poujol recommande: «Ecoutez-la, croyez-la, rassurez-la sur le fait que ce n’est pas de sa faute et que Dieu est de son côté.»
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