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Quelle est notre espérance dans un monde qui cuit à petit feu?

© A Rocha Suisse - Ursula Peutot
Face aux inquiétudes liées aux bouleversements climatiques, comment envisager l’avenir avec espoir? Entretien avec Ursula Peutot (photo), directrice d’A Rocha Suisse, association chrétienne de conservation de la nature.
Priscille Matron

Est-ce que l’éco-anxiété est un phénomène dont vous entendez beaucoup parler, y compris chez les chrétiens?

Oui. Je pense que dans nos milieux, en tout cas parmi les personnes qui gravitent autour d’A Rocha, il y en a beaucoup qui sont dans cette situation. Et étonnamment, les personnes les plus éco-anxieuses que j’ai rencontrées sont des personnes âgées. A partir du moment où on s’est laissé toucher par le sujet de l’écologie, des menaces environnementales et de la crise écologique, c’est difficile de ne pas développer une certaine anxiété. Sauf si on revêt sa carapace et que l’on ferme les yeux sur ce qui se passe. Chose que je comprends tout à fait, parce qu’on est parfois obligé d’agir ainsi pour se protéger. Avec les médias, nous sommes au courant de toutes les souffrances de la Terre.

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Peut-on être chrétien et éco-anxieux?

En tant que chrétien, souvent, on veut mettre en avant la joie et l’espoir. Mais ce n’est pas parce que nous sommes chrétiens que l’on n’a pas le droit d’être éco-anxieux, d’être triste, d’avoir peur ou d’être en colère par rapport à l’écologie. C’est une grande erreur de ne pas s’autoriser toutes ces émotions. En agissant ainsi, notre anxiété par rapport à la situation augmente. Bien que ce sujet puisse parfois être compliqué à aborder dans les Eglises, il est nécessaire de déculpabiliser: c’est un signe d’empathie et de compassion envers tout ce qui se passe dans le monde. D’une certaine façon, c’est aussi montrer que c’est important et que nous ne sommes pas en train de fermer les yeux sur le sujet.

Comment y faire face et quelle est notre espérance?

Prendre le temps de s’arrêter et d’admirer la beauté de la création, sa complexité, et ouvrir la Bible. Il y a de nombreux passages avec des moments de cris de colère, de désespoir, qui sont mélangés avec l’espérance. Il faut faire de ces émotions quelque chose de constructif: prier pour la création, par exemple. Notre espérance est de se dire qu’on peut y contribuer et ce n’est pas un signe de manque d’espoir ou de confiance en Dieu que de vouloir agir. Parce que parfois, on entend que si on est chrétien, il faudrait juste remettre tout ça à Dieu et de toute façon, il y aura un jour une nouvelle création. C’est vrai, Dieu va restaurer, il va renouveler, il va purifier la Terre. Mais l’un des premiers commandements dans la Bible, c’est de prendre soin de celle qui existe déjà. On ne peut pas se comporter comme si on ne voyait pas la souffrance de la planète, ce serait selon moi un contre-témoignage. – Propos recueillis par Priscille Matron

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