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Nina Hagen chante son amour pour Jésus

© Alliance Presse
«Mère du punk», l’égérie punk allemande sort un nouvel album et une autobiographe, tous deux à la connotation largement religieuse, un an après son baptême médiatisé. Portrait
Christian Willi

L’heure des confessions a sonné pour la chanteuse punk la plus extravagante des années 80. Qui parmi les quadras ne se souvient pas des coiffures de toutes les couleurs qu’a arborées Nina Hagen dans les années 80 et de ses tenues qui ont inspiré toute une génération de jeunes punks et d’artistes? Coup sur coup, la quinqua allemande signe une autobiographie (Bekenntnis) et un nouvel album (Personal Jesus). Sur un fond musical rock n’roll et country, elle reprend plusieurs cantiques gospel. Lors d’un récent concert donné à Zurich, elle n’a pas hésité à répéter «Jesus is the light of the world» (Jésus est la lumière du monde) et à lire des extraits de la Bible. En août 2009 déjà, Nina Hagen avait fait jaser la presse people en se faisant baptiser dans un temple réformé.

Un parcours heurté mais jalonné par la foi
Nina Hagen affirme à qui veut l’entendre que sa foi chrétienne n’est pas nouvelle. «J’ai été baptisée par Dieu dans l’esprit à l’âge de dix-sept ans, à Berlin Est. Depuis j’appartiens à Jésus», a-t-elle confié dans une interview à la radio Life Channel récemment. C’était au début des années 70. A cette époque, la chanteuse se drogue et a déjà avorté deux fois. «Je suis “morte”. d’un trip au LSD: on appellerait cela une expérience de mort imminente, mais moi je préfère “révélation”. Heureusement, Jésus s’est révélé à moi. Je l’ai supplié de pouvoir rester auprès de lui. Mais non, je suis encore là», explique-t-elle dans cette interview. La diva allemande raconte qu’elle a déjà évoqué sa foi sur son album NunSexMonkRock, sorti au début des années 80. Mais que personne n’y a pris garde, à part son manager, désarçonné.

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Pourtant, la vie lui fait prendre un sérieux détour, lorsqu’elle part en Inde pour vivre dans une secte hindoue. Pour Nina Hagen, c’est en tant que chrétienne qu’elle a été en Inde même si elle confesse y a avoir laissé des plumes, en raison de l’emprise de celui qui fut son gourou. De cet épisode, elle gardera sa fille, prénommée Cosma Shiva.

Les expériences spirituelles fortes ont jalonné le parcours de la diva. Ce sont eux qui lui donnent aujourd’hui cette assurance de chanter sa foi en son sauveur Jésus-Christ. Alors qu’elle fréquentait les milieux punks en Angleterre et aux Pays-Bas dans les années 80, elle avait sombré dans la consommation de drogues. Amaigrie et affaiblie, elle avait alors demandé à ses amis de prier pour en être délivrée. Après avoir passé une bonne partie d’une nuit en prière, elle reçoit la libération tant espérée et se met à le crier haut et fort dans une maison occupée par elle et ses amis. Alors que Nina Hagen chante et crie sa reconnaissance à Dieu («tout le monde m’entendait», raconte-t-elle), ces derniers avaient décidé de décréter la maison «sans drogue».

Paroles de foi
Sur son dernier CD, elle entonne le gospel Down at the cross avec sobriété, à mille lieux de sa musique punk des années 80. La croix revêt une signification toute particulière pour l’Allemande: «La croix a été utilisée pour faire exactement ce que Dieu ne voulait pas: tuer. Ils ont même essayé de faire la même chose pour Dieu. Il l’ont cloué à la croix. Mais leur démarche faisait partie du plan de Dieu. Par cette crucifixion, Jésus allait renoncer à sa vie humaine et nous ouvrir un chemin nouveau, sans violence», affirmait-elle avec conviction sur les ondes de LifeChanel.

«Confie à Jésus tes soucis, il te répondra. Jésus est un ami présent jour et nuit» ou «Prends Jésus avec toi où que tu ailles, il te guidera»: l’invitation sur son dernier album a la mérite de la clarté; et reflète vraiment ce que l’artiste assagie veut vivre. Pas question de faire de la musique pour s’enrichir. Fidèle depuis plusieurs décennies à son engagement pacifiste, elle reste de toutes les contestations contre l’énergie et les armes nucléaires. «Nous sommes tous appelés à nous aimer les uns les autres, à faire preuve de solidarité», appelle-t-elle. «Dieu ne me laissera pas tomber», chante-t-elle encore dans Run on, sur un air de blues des plus sereins.

Christian Willi

SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles 3-10 – Septembre-Novembre

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