Chrétienne et… militante écologiste?
Qu’est-ce qui est arrivé en premier, ta foi en Dieu ou ton engagement pour l’écologie?
Ma foi en Dieu. Avant cela, je n’étais pas consciente des enjeux écologiques, même si les deux s’articulent à différents endroits. Par exemple, dans la dimension du ressourcement, parce que la lutte écologiste est fatigante et peut être décourageante: on gagne peu de victoires, même si on en gagne. Chez GreenFaith, on lutte pour la justice climatique au nom de nos valeurs: le vivant est précieux et il nous est demandé d’en prendre soin. Or, il est aujourd’hui menacé et on le défend pour jouer notre rôle en tant que chrétiens: être les gardiens du «Jardin», de la Création.
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Quel regard portes-tu sur le rapport que peuvent avoir nos institutions religieuses avec l’écologie?
Dans le mot «militant», j’entends «lutter pour». Et c’est finalement ce qu’ont fait les protestants dès leurs origines. C’est comme ça qu’on a été appelés, parce qu’on s’est mis à protester et donc à lutter. Lutter pour Dieu, lutter pour l’être humain, lutter pour pouvoir lire la Bible et le fait d’y recentrer l’inspiration du Saint-Esprit.
Comment abordez-vous la violence dans vos actions militantes à GreenFaith?
On a défini un cadre très précis. Les personnes qui viennent à nos actions sont des personnes formées à la désobéissance civile avec le cadre qui est le nôtre: pas de dégâts, pas de dégradations matérielles, pas d’atteinte physique. On organise des manifestations non déclarées et cela correspond au minimum de la désobéissance civile par rapport à l’échelle des possibles.
Dans quelle mesure ton engagement écologique a-t-il affecté la manière dont tu vis ta foi?
Au prisme de mon engagement écologique, et donc politique, j’ai relu les textes de la Bible et j’y ai trouvé des sources d’inspiration en sortant de la dimension individuelle. Jésus a dit: «Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée.» Ce verset nous dit selon moi qu’il vaut mieux une prise de position qui divise, mais qui est juste, plutôt qu’une paix anesthésiée, sans la justice et qui étouffe. Il n’y a pas de paix sans justice. Ma relecture des textes et mon engagement pour la justice viennent se nourrir mutuellement. Je relis la Bible autrement et celle-ci vient m’inspirer dans mon action.
Propos recueillis par Tiavina Kleber