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«Je ne supportais plus de voir des femmes enceintes»

© Alliance Presse
Il y a une quinzaine d’années, Catherine a appris qu’elle ne pourrait plus avoir d’enfant. Un choc très douloureux. Elle raconte comment Dieu l’a aidée à accepter sereinement sa situation.
Marlène Baumann

«Quand j’avais 27 ans, j’ai compris que nous n’aurions plus d’autres enfants ». Catherine était déjà mère d’un enfant, mais la maladie de son mari a anéanti ses espoirs d’en avoir d’autres. Un coup dur. Catherine a connu la colère face à cette situation qu’elle jugeait injuste et révoltante. Son idéal familial n’était pas celui d’un enfant unique. Et il faut dire que son contexte social et ecclésial véhiculait aussi l’idéal de la grande famille. Catherine vivait un supplice quand elle voyait un ventre rond ou apprenait la grossesse d’une personne de son entourage.

Elle a revu ses schémas
Assez rapidement, elle a demandé de l’aide à des professionnels pour vivre un processus de deuil face à ce deuxième enfant qui ne viendrait pas. Cet accompagnement bénéfique s’est terminé par un électrochoc: « J’ai compris que la seule solution, c’était d’accepter! », témoigne-t-elle.
Mais dans la pratique, comment accepter? Petit à petit, Catherine a tenté de voir le côté positif de cette expérience, de devenir actrice de sa vie. Elle a demandé ponctuellement d’être accompagnée sur ce chemin. Elle a revu ses «schémas» de famille type, dans un contexte chrétien où, bien souvent, les mères de nombreux enfants sont valorisées.

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Ne pas nier la douleur
Elle a choisi de thématiser sa souffrance en la verbalisant et en annonçant à sa famille proche qu’elle n’aurait pas d’autres enfants. «Cette démarche m’a bien aidée dans mon processus».
Catherine a également accepté de vivre sa douleur et de ne pas la nier. Elle s’est donné le temps d’intégrer sa souffrance en choisissant, pour une période, de ne pas aller voir les copines à la maternité ou de ne pas se sentir obligée d’offrir des cadeaux pour les naissances. Elle a cheminé petit à petit.

Confrontée à une amie enceinte
Un jour, Catherine a choisi d’aller voir une amie qui venait d’accoucher de son deuxième enfant: « Ce fut une démarche salutaire! ». Elle a vécu consciemment cette étape, partageant avec son amie son souhait de vivre quelque chose en lien avec sa souffrance personnelle. Elle a pris l’enfant dans ses bras et a beaucoup pleuré: « Quelque chose s’est passé ce jour-là. Depuis, je réagis différemment. »
Ce cheminement a duré dix ans. «Je n’aurais pas souhaité vivre cette expérience douloureuse, mais je sais qu’elle m’a menée plus loin. Je suis contente d’avoir pu faire ce travail sur moi-même, de découvrir un peu mieux qui je suis». Cette expérience l’a enrichie et lui a permis de développer une sensibilité nouvelle pour autrui. Elle affirme: «Avoir un enfant est un cadeau, pas un dû!». Aujourd’hui, Catherine peut parler avec liberté de son expérience passée et se réjouir quand elle reçoit des faire-parts de naissance ou qu’elle voit des femmes enceintes.

Marlène Baumann

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