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Norine Brunson: «Nous reprendrons une vie normale après la prison!»

© DR - Andrew et Norine Brunson
Pendant deux ans, Norine Brunson a été le seul lien entre son mari emprisonné en raison de sa foi en Turquie et le monde extérieur. Rencontre avec une femme de foi, de passage en Suisse pour la journée de l’ONG Portes Ouvertes.
Rébecca Reymond

Comment êtes-vous devenue implanteuse d’Eglises en Turquie?
Dès son plus jeune âge, mon mari savait qu’il allait être missionnaire. Je savais que si je voulais l’épouser, il fallait que je sois prête à être missionnaire moi aussi, même si je n’avais pas reçu d’appel. Lorsque notre organisation missionnaire nous a demandé d’aller en Turquie, je ne voulais pas. J’ai pleuré lors de l’embarquement parce que je pensais que ma vie était finie. Ce n’est qu’après trois ans et demi passés en Turquie, sans retour chez nous aux USA, que mon attitude a changé. Transformée par Dieu, j’étais prête à m’engager complètement pour ce pays. Savoir que nous étions à notre place était primordial, surtout dans les moments difficiles.

Vous avez passé 23 ans dans ce pays. Quel regard les Turcs posaient-il sur votre présence et votre action d’évangélisation?
Le peuple turc est très hospitalier et accueillant. Là-bas, chacun pense que les Occidentaux sont tous chrétiens, comme ils imaginent que les Turcs sont forcément musulmans. Là où les choses se compliquent, c’est quand on leur parle de Jésus ou quand des Turcs se tournent vers Jésus.
Nos activités d’évangélisation n’étaient pas bien acceptées, même si, historiquement, la Turquie a été l’un des berceaux du christianisme. Certains livres de la Bible y ont même été écrits. Quel contraste avec les quelque 7 000 chrétiens que compte le pays aujourd’hui!
Mais il y a un regain d’intérêt pour la foi chrétienne. Beaucoup plus de gens viennent et posent des questions. Leur soif spirituelle augmente. Le pays est à un tournant: avant, il y régnait une certaine liberté religieuse, mais très peu d’intérêt spirituel. A l’avenir, il y aura moins de liberté, mais plus savoir que nous étions à notre place était primordial dans les moments difficiles, je suis très optimiste quant à ce que Dieu va faire là-bas.

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En octobre 2016, vous avez été arrêtés, vous et votre mari. Vous étiez-vous un jour imaginé faire de la prison à cause de votre foi?
Non, ça a été une vraie surprise. Bien sûr, il arrive parfois que les chrétiens reçoivent des menaces ou ressentent de la peur. Mais il ne s’agit généralement pas de risques étatiques.
Nous savions que le gouvernement expulsait parfois les missionnaires étrangers. Mais dans ce cas, cela se passait sans convocation. Notre surprise, c’est d’avoir été convoqués au poste de police, où l’on nous a présenté un ordre d’expulsion et une accusation pour terrorisme et atteinte à la sécurité nationale. A ce moment-là, j’ai commencé à préparer mon cœur à ce qui pourrait nous arriver.

Savoir que nous étions à notre place était primordial dans les moments difficiles.

Vous avez passé treize jours en prison, votre mari deux ans. Comment cela s’est-il passé?
Notre plus grande difficulté était de ne pas pouvoir contacter l’extérieur, en particulier nos trois enfants, âgés de 15 à 21 ans, à l’époque. Impuissante, je priais: «Mon Dieu, tu dois prendre soin d’eux et de cette situation.»
Les choses étaient plus difficiles pour Andrew. Après ma libération, je n’étais pas seule, mes enfants avaient été rapatriés aux Etats-Unis pour leur sécurité, mais j’étais entourée par les croyants de notre Eglise turque qui me soutenaient et priaient pour nous. J’avais besoin de m’appuyer sur Dieu, d’obtenir des encouragements et de la force pour pouvoir les transmettre à Andrew, qui était tout seul.
J’avais le droit de lui rendre visite une seule et courte fois par semaine. La plupart du temps, nous étions séparés par une vitre. Lors de la première visite, il m’a demandé s’il allait mourir là. Je ne voulais pas lui donner de faux espoirs, mais je voulais tout de même l’encourager. En préparant mes visites, je suppliais Dieu de me montrer ce que je devais dire. Je répétais à Andrew les mêmes choses, encore et encore. Comme pour le rassurer qu’il n’allait pas être oublié. Je lui disais: «Une fois que tu es libéré, une fois que nous partons, nous reprendrons une vie normale ensemble!» Il était devenu ma priorité.

Les sanctions politiques des Etats-Unis contre la Turquie ont conduit à la libération de votre mari, en novembre 2018. La visibilité de «l’affaire Brunson» vous a ouvert des portes sur le plan politique et médiatique. Avec quel impact sur votre vie?
Notre vie a en effet changé. Les portes se sont ouvertes pour nous depuis la libération d’Andrew et notre retour aux Etats-Unis. Avant, personne ne nous connaissait, nous étions de simples missionnaires dans une petite partie de la Turquie. Aujourd’hui, nous recevons de nombreuses sollicitations. Il faut de la sagesse pour prendre des décisions. Lorsqu’il intervient, Andrew parle du besoin de se préparer à la persécution, de la façon dont Dieu l’a reconstruit pendant sa période en prison et comment il l’a aidé à résister.
Nous avons toujours à cœur le monde musulman. Et bien que nous ne puissions plus mettre les pieds en Turquie, du moins tant que le régime actuel sera en place, nous sommes toujours en contact avec les chrétiens là-bas. Nous prions pour la Turquie et nous cherchons des moyens pour soutenir l’Eglise turque.

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3 questions persos

Quel est votre verset biblique préféré?
Je n’ai pas de verset préféré à proprement parler. Je prie régulièrement selon Ephésiens 3,16. Je souhaite être fortifiée dans mon être intérieur, de sorte à ce que le Christ habite dans mon cœur par la foi et pour que je sois enracinée et fondée dans l’amour.

A quelle scène biblique auriez-vous aimé assister?
Il y en a plusieurs mais j’aurais aimé être présente la nuit où Jésus est né, lorsque les bergers ont vu les anges. Quel moment exceptionnel!

Quelle est votre plus grande tentation?
De laisser la peur prendre le dessus, de me focaliser sur ce qui est négatif et de lui donner trop de place dans mes décisions. Au lieu de regarder à Dieu.

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