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«Sois forte»… oui mais forte comment?

Une femme grimpe sur un mur d'escalade
© Getty Images
«Fais plaisir, dépêche-toi, sois parfaite, fais des efforts!» Tout autant de messages contraignants, ce qu'on appelle les «drivers», auxquels nous nous astreignons sans le savoir. Clés pour ne pas s’écrouler sous le principe du cinquième «driver»: «Sois forte».
Maude Burkhalter

«Tu fais ce que tu veux, mais tu en assumes les conséquences.» C’est l’une des phrases que Lula Derœux, pasteure et étudiante en théologie, a entendu à maintes reprises de la part de sa mère durant son enfance. Mais aussi, «Utilise ton cerveau», «Choisis bien tes amis», «Fais de bons choix»… Ce genre de phrases, nous les avons toutes entendues. Elles ont forgé les femmes que nous sommes, pour le meilleur et pour le pire. Nous discutons aujourd’hui de l’injonction plus générale «Sois forte!», qui figure parmi les cinq «messages contraignants» (ou «drivers») définis par le psychologue américain Taibi Kahler.

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Un «driver» encourageant?

«Ces affirmations sont un outil puissant, mais il ne faut pas tomber dans l’idolâtrie ou la culpabilité», note Lula Derœux, qui est également contributrice au blog Servir Ensemble. «Elles devraient plutôt nous accompagner et permettre de l’ouverture.» Et de noter qu’il s’agit aussi d’une tendance générationnelle. En effet, s’il y a dix ans les petites filles entendaient «sois forte», aujourd’hui elles entendraient plutôt «tu es capable de faire de grandes choses», observe-t-elle.

Mais il ne s’agit pas non plus de verser dans un encouragement sans consistance. Dès lors, ces phrases «drivers», que devraient-elles être? «L’injonction “sois forte” peut être bénéfique à l’unique condition d’être nuancée», répond Lula Derœux. Pour celle qui a grandi avec une mère célibataire et dans un contexte majoritairement féminin, les affirmations encourageantes pour les femmes qui nous entourent devraient plutôt sonner ainsi: «Tu as pris un rendez-vous chez le psychothérapeute? Quelle force de faire ce premier pas! Tu réduis tes heures au travail, tu défends tes besoins, quelle force!»

Du tact dans le soutien

La pasteure ajoute que sans explication, la simple sommation «sois forte» est toxique. Aussi, à ce qu’a été la petite fille à qui on a demandé d’être forte tandis qu’elle retenait ses larmes, qu’elle enfouissait un traumatisme ou encaissait une injustice, l’on peut aujourd’hui offrir une oreille attentive, un regard bienveillant et surtout, la «force» de guérir de ses blessures.

Ajoutons à ces affirmations-là quelques-unes de celles que l’on peut tirer de la Bible: «Tu n’es pas seule, tu as le droit de faire des erreurs, tu as été créée avec attention et intention, tu t’améliores de jour en jour.» Lula Derœux conclut: «Les femmes se mettent souvent la pression. Des affirmations qui dénotent de la grâce et de l’écoute sont bénéfiques.»

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