Pour Gudrun Sidonie Otto, chanter est comme respirer, et cette respiration ne forme qu’un avec l’âme et la vie: quand elle chante, elle ressent une connexion directe avec le ciel. Le chant est comme une prière continue: «Christ en moi, moi en lui», parfois de manière audible sur les lèvres, et toujours dans le cœur.

Soprano allemande, Gudrun Sidonie Otto est célèbre au-delà des frontières dans le monde de la musique classique et de l’opéra. Elle a rencontré Dieu durant son adolescence au travers de l’art et de la musique sacrés, notamment dans les œuvres de Jean-Sébastien Bach et les cantates. Elle se décrit comme curieuse, vivante, créative et à la fois pensive et en recherche.

Après de nombreuses années de carrière, elle perd temporairement sa voix à la suite d’une intervention chirurgicale lors de la naissance de sa première fille. Elle prend alors conscience de cette fragilité, ce qui soulève beaucoup de questions en elle. Malgré le fait qu’elle retrouve son organe, elle prend un cap qui lui donne un sentiment de sens plus profond. Ainsi, elle se reconvertit professionnellement en suivant une formation théologique et pastorale proposée par l’université de Bâle et de Zurich, en collaboration avec l’Eglise protestante en Suisse alémanique. Durant la pandémie, de nombreux musiciens autonomes ont perdu leur source de revenu du jour au lendemain, ce qui a accéléré son engagement comme pasteure, juste après avoir fini ses études.

Deux fois oratrice

Pour elle, son ministère dans l’Eglise réformée de Binningen-Bottmingen (canton de Bâle) a beaucoup en commun avec sa profession de chanteuse. C’est aussi une vocation: travailler avec d’autres personnes, être là pour elles et les accompagner dans leur recherche de l’au-delà. Lors des cultes dans son Eglise, Gudrun Sidonie Otto chante des textes liés au thème de sa prédication. D’autre part, elle signe des contrats pour des concerts au niveau national et international.

Récemment, elle a interprété l’oratorio «Hiob», du compositeur allemand Carl Loewe, fondé sur le récit de Job dans l’Ancien Testament. Selon elle, le fait de le vivre intérieurement, de présenter et déclamer des textes profonds face à des auditeurs n’est pas si différent d’une prédication… D’ailleurs, le lendemain matin, après six heures de voiture à travers la nuit, elle a prononcé un sermon sur Job – non sans avoir chanté l’aria correspondante.