Aimer les personnes imbuvables

Pauline, ingénieure, témoigne qu’elle ne s’est jamais sentie blessée dans ses échanges avec Laure, jeune femme très exigeante dont elle s’occupait. «C’est parce que j’étais dans l’optique de donner et non de recevoir que je n’étais pas touchée dans mon affect», explique-t-elle. Elle en est convaincue, considérer une relation difficile comme un travail d’amour qui n’aura pas de réciprocité évite un investissement trop émotionnel et des attentes qui ne seront sûrement jamais comblées. «Cela permet un certain détachement, sans pour autant dévaloriser la personne en face», détaille la jeune trentenaire.
Une question de motivation
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Pourtant parfois, ce n’est pas par amour, mais bien par culpabilité ou par sentiment de redevabilité que l’on sert l’autre. Jean-Pierre Kasemierczak, praticien en relation d’aide, précise «qu’il faut distinguer la pertinence de l’injonction à laquelle on répond». Est-ce par pression sociale ou parentale? Ma motivation est-elle fondée et juste? Est-ce que Dieu me demande de m’investir dans cette relation, ou bien est-ce moi-même qui m’y oblige pour une raison obscure? D’autant que nous ne sommes pas toutes en mesure de recevoir les confidences des personnes en souffrance.
Les bienfaits des limites
«Jésus lui-même a gardé ses distances avec les pharisiens, les gens imbus d’eux-mêmes ou encore les orgueilleux», poursuit le conseiller. Selon Suzanne, elle aussi exercée de longue date à la relation d’aide, il ne faut pas hésiter à mettre fin aux situations qui dépassent certaines limites: «Limites dans le temps dont nous disposons, limites dans la négativité et dans la gravité des critiques exprimées par la personne. Dieu ne nous appelle pas à demeurer dans une situation d’injustice», estime-t-elle. Elle nous donne ce petit conseil: «Si la personne a tendance à abuser de votre temps, allez la voir chez elle plutôt que de l’accueillir chez vous. Vous pourrez partir quand vous le souhaitez.»
Pauline souligne par ailleurs que ne pas tout accepter peut aider la personne en question. Lorsqu’elle l’a fait avec Laure, elle a constaté que celle-ci progressait dans ses autres relations car elle comprenait pourquoi certains la fuyaient. Et quoi qu’il arrive, Jean-Pierre Kasemierczak nous incite à «bien prendre conscience de notre incapacité à sauver l’autre». Si nous croyons pouvoir tout endurer, notre moral en sera affecté et cela aura un impact direct sur notre vie de foi. L’amour n’exclut pas la prudence!
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