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Mai 68 et elles

Quelques chrétiennes évoquent l’héritage de mai 68 et les causes pour lesquelles elles se lèveraient encore aujourd’hui

Édith Grandjean 64 ans, présidente de Femmes 2000, cofondatrice de FORMAPEE

Un héritage en question : La liberté de choix sans limite génère l’anxiété. Elle désécurise et rend la prise d’autonomie plus difficile. La femme a plus ou moins consciemment voulu prendre la place de l’homme au lieu de rechercher la complémentarité. On sent un désengagement au niveau de l’Église.

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Comment continuer ? Cultivons nos privilèges de femmes : aimer, rassembler, être ce lien social qui correspond si bien à notre nature, qui accueille et valorise l’autre. N’ayons pas peur ou honte d’être simplement épouses et mères, tout en profitant de toute cette latitude acquise depuis cinquante ans pour être créatives, engagées dans la société et dans l’Église. Ayons une parole simple, vécue, qui ne se trompe pas de combat, une parole d’espérance.
–CREDIT–

Rita Piguet 62 ans, présidente des Petits Déjeuners Contacts

Un héritage en question : On reconnaît la qualité d’un arbre d’après ses fruits. Qu’avons-nous semé dans les années 60, sinon la rébellion et la revendication, jusque dans l’Église : quand avez-vous entendu pour la dernière fois un message sur l’autorité de Dieu dans nos vies ? Pourquoi les chrétiens divorcent-ils autant ? La récolte se lit tous les jours dans les journaux. Mais les Églises sont défiées à réfléchir à la place qu’elles veulent donner aux femmes.

Hélène Kung 51 ans, présidente du Centre Social Protestant (CSP) Vaud (CH)

Un héritage en question : Les femmes ont gagné en
liberté, mais aussi en responsabilité. Mai 68, qui contestait les traditions, a aussi engendré une tradition ! Il peut être tout aussi paralysant d’entendre des nostalgiques de mai 68, que d’entendre des nostalgiques de l’avant-mai 68 !

Comment continuer ? Dénoncer toute justification de l’injustice et de la discrimination par des arguments religieux, même «chrétiens». L’Évangile peut en remontrer à Mai 68.

Mireille Gossauer 55 ans, conseillère municipale à Genève, ancienne députée socialiste

Un héritage en question : La non-violence et un certain féminisme qui a permis aux femmes d’être considérées comme partenaires et non rivales de l’homme ! En revanche, je ne suis pas convaincue que la liberté sexuelle prônée à cette période ait été un progrès. Si des femmes ont lutté, à cette époque, pour l’avortement, la génération suivante, «bénéficiaire», en fait parfois un triste moyen de contraception !

Comment continuer ? Lutter contre les violences physiques et morales faites aux femmes ; la pauvreté de certaines familles, dont celles
monoparentales.

Édith Cortessis 61 ans, femme de théâtre

Un héritage en question : Les enfants ont compris qu’ils avaient droit à la parole. J’ai commencé à travailler comme enseignante en 67 ; les enfants réagissaient comme s’ils étaient constamment pris en faute. Les jeunes ont bien compris leurs droits à l’heure actuelle, mais ils ont tendance à oublier leurs obligations.

Comment continuer ? L’égalité n’est pas encore réalisée, je m’en rends compte quand je parle avec mes filles. Il y a des réalités plus insidieuses, des remarques qu’on fait à une femme mais qu’on ne ferait pas à un homme. L’Église a beaucoup à apporter en termes de valeurs, pour que l’homme passe avant les institutions, les mécanismes.

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