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La mère d’un tueur a retrouvé la joie

© Alliance Presse
Après la perte de ses deux enfants dans des circonstances tragiques, Monique a pu expérimenter le secours de Dieu. Aujourd’hui, elle rayonne de joie et encourage ceux qui souffrent.
Jérémie Cavin

Humainement, Monique Lépine n’aurait jamais pu se relever des drames qu’elle a vécus. Le 6 décembre 1989, cette Québecoise entend à la radio qu’un jeune homme est entré dans une salle de cours de l’Ecole polytechnique de Montréal pour assassiner quatorze jeunes filles avant de retourner son arme contre lui. Atterrée, elle prie pour la mère de ce tueur.
Le lendemain, au bureau, l’atmosphère est tendue. Elle voit que son frère, qui normalement ne l’appelle jamais, a tenté de la joindre; quand elle le rappelle, elle l’entend dire: « On pense que Marc, ton fils, est à l’origine des événements de l’Ecole polytechnique ». Au même moment, le directeur général entre dans son bureau. A son regard, Monique comprend tout.

«Aucun humain ne pouvait me consoler» 
«J’étais en état de choc. Quelle douleur pour une mère solobataire qui a trimé seule toute sa vie pour élever dignement et inculquer des valeurs chrétiennes à ses enfants!». Monique prend conscience que seul Dieu peut la restaurer pour se glorifier, que lui seul peur guérir un cœur en miettes et redonner une dignité à la personne souffrante: «Aucun être humain n’avait la capacité de me consoler, c’était trop gros, trop médiatisé. Seul Jésus qui a souffert injustement pouvait comprendre ma souffrance. »

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Un second drame
Après quelque temps, Monique retourne travailler. Sa fille, elle, a bien du mal à se remettre de l’horreur qui vient de frapper sa famille. Elle ne parvient pas à garder un emploi et fréquente des garçons à problèmes. «Un jour, j’ai découvert le pot aux roses: elle se droguait, ce qui expliquait des sautes d’humeur et l’abandon de tout ce qu’elle entreprenait », raconte Monique. Elle invite sa fille à suivre une thérapie et lui trouve un appartement. « Toutes les conditions étaient réunies pour qu’elle puisse recommencer à neuf.»
Mais sept ans plus tard, des policiers débarquent. « Ils venaient m’aviser que ma fille était hospitalisée suite à une surdose de cocaïne ». Le cortex cérébral est atteint, elle est branchée sur le respirateur. « Mon choix était clair, elle serait débranchée. Durant les douze dernières heures de sa vie, je suis restée à côté d’elle et lui ai dit que je l’aimais. Je lui tenais la main et lui parlais de Jésus qui l’aimait. Je sais qu’elle m’entendait ». A 58 ans, Monique voit sa raison de vivre s’envoler avec la mort de son deuxième enfant.   

Elle fait le choix de vivre
Suivent dix-sept ans de silence, pendant lesquels Monique vit «toute la gamme des émotions: la honte, la culpabilité, la peur et le chagrin». Mais malgré tous les pourquoi, la malheureuse mère n’abandonne ni sa foi, ni l’Eglise.
Un jour, elle entend son cœur battre et prend conscience qu’elle a la mission d’accepter cette vie que Dieu lui donne. «J’ai compris que je devais vivre une journée à la fois en mettant ma confiance en Jésus». Monique fait le choix de vraiment vivre.
Depuis, elle découvre que Dieu peut réellement consoler et elle vit dans une joie renouvelée, qui découle de son intimité avec Dieu. Surtout, Monique veut être une source d’espoir et de réconfort en témoignant autour d’elle de la restauration opérée par Dieu. C’est en 2006, après une fusillade dans une école, qu’elle brise le silence et accepte une entrevue à la télévision nationale: «Les gens ont été consternés et boulerversés par l’histoire de cette femme et par la sérénité qui émanait d’elle», relève la conférencière Stéphanie Reader, qui fréquente la même Eglise qu’elle.
Monique raconte aussi son parcours dans un livre paru en 2008 ainsi que par de nombreuses conférences, qu’elle donne en particulier dans des endroits où les pasteurs vont rarement: prisons, secteur de la santé mentale, milieux universitaires touchés par la criminalité, etc. «La souffrance atteint tous les humains!», conclut-elle.

Jérémie Cavin

SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles 3-11 Septembre – Novembre

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