S’informer, un droit et un devoir?
«Je suis déprimée par les infos, je ne les suis plus», admet Cécile. Cette attitude est courante en ce qui concerne certains domaines de l’actualité. D’après un récent rapport de l’Arcom, c’est en fait la surcharge d’informations qui conduit 61% des Français à «adopter des comportements d’évitement (changer de chaîne de télévision ou de station de radio, suspendre les notifications des applications)». Même tendance en Suisse, dans une moindre mesure: le Centre de recherche sur le public et la société de l’Université de Zurich indique que «plus d’un tiers des Suisses (36%) affirme éviter “parfois” ou même “activement” les nouvelles». Les chrétiens peuvent-ils toutefois se permettre de se couper de l’actualité?
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Nous sommes toujours dans le monde
Léa est apologète au sein du média de réflexion imagoDei. «L’apologétique est la défense de la pertinence de la foi chrétienne», explique la jeune femme. A ce titre, Léa coanime un podcast qui traite de questions d’actualité et de sujets de société: «Sagesse et Mojito». Pour la jeune maman, suivre l’information est essentiel pour être en relation avec le réel, comprendre le monde et ses enjeux et se connecter aux autres. «Même en ayant bien compris qu’on appartient à un Royaume qui n’est pas de ce monde, on doit toujours remplir nos déclarations d’impôts, on peut avoir des soucis de voiture ou se poser des questions sur les systèmes de garde d’enfant…»
Ces exemples font d’ailleurs partie des raisons principales pour lesquelles les Français s’informent. En effet, selon l’Arcom, leurs plus grands centres d’intérêt sont la santé, le mode de vie et le bien-être. En Suisse, du fait de l’implication offerte à chaque citoyen dans les votations, on s’intéresse davantage à l’actualité politique, mais aussi au domaine financier. Dans le podcast de Léa, «l’idée est d’avoir des conversations à la recherche de la sagesse biblique, mais de manière très décontractée», résume-t-elle.
L’importance des nombreux points de vue
Camille est journaliste pour un média chrétien et va dans le sens de cette flexibilité. Elle encourage chacun et chacune à se défaire de ses œillères en abordant l’actualité: «Certains sujets nous semblent évidents avec une approche biblique et nous n’allons pas plus loin. Mais s’informer, c’est une approche globale qui nous permet de découvrir le monde qui nous entoure et de ne pas rester dans un certain entre-soi.»
Difficile en effet de concilier cet entre-soi avec la mission de l’Eglise d’aimer son prochain et d’aller vers lui. Pour Camille, l’actualité est un outil pour éprouver nos capacités relationnelles: «Avec les réseaux sociaux, on croit que tout le monde pense comme nous, et on en devient surpris le jour où on entend une idée divergente. On peut même se sentir agressé. Alors que si on apprenait à s’informer correctement, on apprendrait à écouter et à comprendre un peu mieux les autres.»